Le ballon, dont le Pentagone assure qu’il s’agissait d’un ballon espion, a été abattu par l’armée américaine au large de la côte est des États-Unis, selon Fox News et CNN. Ce dimanche 5 février, la Chine dénonce une « réaction excessive » et se réserve le « droit de répondre ».
On a vu une petite explosion sur CNN et Fox News. Puis, le ballon se dégonfle et chute à la verticale avant de tomber dans la mer au large des côtes de Caroline.
Une opération a été mise en place pour aller récupérer ses débris en mer.
C’est Joe Biden qui a donné l’ordre de l’abattre une fois que le dirigeable se situerait au-dessus de l’eau, et ne présenterait plus de danger pour les riverains au sol. « Mercredi, quand j’ai été briefé sur le ballon, j’ai donné l’ordre au Pentagone de l’abattre le plus vite possible, a déclaré le président américain. Ils ont décidé de le faire, mais sans provoquer de dommages pour personne au sol. Ils ont décidé que le meilleur moment serait quand il arriverait au-dessus de l’eau, à l’intérieur de notre limite des (eaux territoriales de) 12 miles nautiques. Ils ont réussi à l’abattre avec succès, et je veux complimenter nos aviateurs qui l’ont fait – et j’en aurai plus à vous dire un peu plus tard. »
« Violation inacceptable » de la souveraineté américaine
Son secrétaire à la Défense Lloyd Austin estimait lui aussi que cela aurait été trop risqué de le viser survolant le pays. Il faisait tout de même la taille de trois bus bout à bout. « Cet après-midi, sur ordre du président (Joe) Biden, un avion de chasse américain (…) a abattu avec succès un ballon espion à haute altitude, qui appartenait à la République populaire de Chine, dans l’espace aérien au-dessus de la côte de Caroline du Sud », a indiqué Lloyd Austin dans un communiqué. Sa présence constituait une « violation inacceptable » de la souveraineté américaine, a-t-il déclaré aussi.
Toutes ces précisions visent certainement à calmer les ardeurs de l’opposition, car les Républicains multipliaient les appels à abattre l’engin. La police d’une ville de Caroline du Nord a même dû demander à la population de ne pas tenter de viser avec leurs propres fusils le ballon qui volait de toute façon à 18 000 mètres d’altitude. Pour l’instant, les autorités restent avares en informations sur ce qu’elles savent à propos des informations que le ballon collectait. Peu avant, le trafic aérien avait été suspendu dans trois aéroports du sud-est des États-Unis par mesure « de sécurité nationale » a annoncé le régulateur de l’aviation civile américaine (FAA). Il s’agissait d’un aéroport en Caroline du Nord et de deux en Caroline du Sud.
Un froid dans les relations Chine – États-Unis
Les regrets et les appels à la retenue côté chinois n’y ont donc rien fait. Pékin hausse le ton et accuse l’administration américaine de « violer sérieusement les conventions internationales », en ayant détruit ce qui est qualifié ici de ballon météo à « usage civil », entré « complètement accidentellement » dans l’espace aérien américain. Face à ce qui est considéré comme une « réaction exagérée », la Chine exprime son « vif mécontentement » devant « l’usage de la force » et se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires pour protéger ses « droits et intérêts légitimes ».
Ce nouveau communiqué du ministère chinois des affaires étrangères posté ce dimanche matin à 8h17 (heure locale) est repris par l’agence Chine Nouvelle et la plupart des sites d’informations. Les commentaires ont été désactivés sous le post officiel, mais sous une courte vidéo sur le site de la télévision centrale de Chine, on peut lire les lignes suivantes : « à partir de maintenant nous rendrons la pareille en coulant tout bateau américain qui pénétrera dans les eaux territoriales chinoises. »
« Les annonces américaines sont leurs propres affaires et nous les respectons »
Pour l’instant, la presse d’État relaie modérément cette affaire et consacre sa Une à la fête des Lanternes qui clôt les vacances du Nouvel An lunaire. Dans son précédent communiqué, hier samedi, la diplomatie chinoise a cherché à réduire la portée de l’annulation de la visite d’Antony Blinken. Le secrétaire d’État américain était initialement attendu à Pékin ce dimanche, mais aucune déclaration officielle à ce sujet n’avait été faite côté chinois : « Les annonces américaines sont leurs propres affaires et nous les respectons ». Le gouvernement chinois craint probablement la réaction des nationalistes habitués à réagir à la moindre « perte de face » ou ce qui perçu comme tel, autant peut-être que ce que pourrait éventuellement découvrir la marine américaine parmi les débris du mystérieux ballon sans pilote flottant désormais dans l’océan.
M. B.