Cité dans une publication de son entreprise Concord, Evguéni Prigojine, le fondateur du groupe paramilitaire Wagner, a admis, lundi 7 novembre, des « ingérences » dans les élections américaines.
À la veille des élections de mi-mandat aux États-Unis, l’homme d’affaires et fondateur du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a admis des « ingérences » dans les précédentes élections américaines. « Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer à le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre », a déclaré M. Prigojine, cité dans une publication sur les réseaux sociaux de son entreprise Concord.
Sous le coup de sanctions américaines et européennes, M. Prigojine est accusé, depuis plusieurs années, d’ingérences, notamment lors de la présidentielle américaine de 2016. Il est, par exemple, soupçonné d’être à l’origine d’une « ferme de trolls », de faux profils sur les réseaux sociaux multipliant les publications pour influencer les électeurs en dénigrant des candidats ou en relayant de fausses informations.
L’homme d’affaires, auparavant habitué à la discrétion, sort de l’ombre depuis peu. Fin septembre, il a reconnu avoir fondé en 2014 le groupe paramilitaire Wagner pour combattre en Ukraine. Il a aussi admis la présence de mercenaires russes dans plusieurs pays, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Début novembre, le groupe a d’ailleurs inauguré un bâtiment flambant neuf qui servira de centre administratif à la société de mercenaires.
Et depuis le début de la guerre en Ukraine, il s’affirme de plus en plus comme une figure publique en Russie et multiplie les déclarations en soutien à la Russie et son offensive.
Prigojine, de l’ombre à la lumière
C’est une question qui restait sans réponse officielle depuis 2017 et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, celle des « ingérences russes » dans les processus électoraux. Des accusations portées par les démocrates américains, mais aussi par d’autres pays comme la France.
Les choses ont le mérite d’être dites clairement par l’homme d’affaires Evguéni Prigojine, surtout connu aujourd’hui comme propriétaire de la société militaire privée Wagner, mais aussi fondateur des célèbres « usines à trolls » du Kremlin, celles-là mêmes dont on soupçonne qu’elles ont activement participé à faire élire M. Trump.
En admettant des ingérences, même si M. Prigojine ne s’exprime pas au nom de l’État russe, Moscou prend acte de sa rupture complète avec Washington et assume une politique de confrontation géopolitique tous azimuts.
Il y a autre chose : Evgueni Prigojine, auparavant figure de l’ombre, assume de plus en plus, à la faveur de la participation de ses soldats privés à la guerre en Ukraine, un rôle public en Russie, celui de chef de file du clan nationaliste, dont le franc-parler brutal devient une marque de fabrique.
Ses déclarations d’aujourd’hui sont à l’attention des Russes autant que des Américains. Elles contribuent à renforcer encore plus la stature de M. Prigojine et son image de fer de lance dans la confrontation de Moscou avec l’Occident.
M. B.