mardi 29 avril 2025
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France : branle-bas de combat face au projet de réforme des retraites

Après la présentation, mardi 10 janvier, du projet de réforme des retraites par Élisabeth Borne, les syndicats français, réunis à la Bourse du travail à Paris, ont appelé à la mobilisation le 19 janvier. Et alors que la droite envoie des signaux de satisfaction face aux orientations du gouvernement, la gauche dans son ensemble appelle à se joindre à ce front syndical inédit depuis douze ans.

On n’avait pas vu cela depuis Sarkozy. Huit organisations syndicales et cinq syndicats étudiants rejettent conjointement ce qu’ils qualifient de réforme « injuste » et demandent à l’unanimité le retrait du recul de l’âge du départ à la retraite à 64 ans.

C’est une ligne rouge franchie par le gouvernement. À leurs yeux, la réforme va surtout toucher les plus précaires, ceux dont l’espérance de vie est inférieure aux autres travailleurs, ainsi que celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt.

D’autant que selon les syndicats, le système des retraites par répartition n’est pas en danger, sinon du fait de ce projet. Rien ne justifie une réforme aussi brutale. La mobilisation du 19 janvier devrait donc s’inscrire dans la durée ; elle est un point de départ et non un point d’arrivée.

« Tout le monde, toutes les organisations syndicales, ont dit qu’on refuserait un allongement. Donc voilà ! Aujourd’hui, on se moque de nous… »

Macron : la droite hésite 

Au menu du gouvernement, donc : le report de l’âge légal de départ à 64 ans, notamment. Une mesure couplée avec un allongement de la durée de cotisation qui passerait à 43 ans, comme l’a expliqué la cheffe de la majorité.

Le texte pourrait bénéficier du soutien des Républicains. Mais si le président du parti, Éric Ciotti, et le chef de file des députés LR Olivier Marleix, se disent favorables à cette réforme, il est loin d’être acquis que l’ensemble des députés du groupe LR suive les consignes de vote.

Cette ligne ne fait pas l’unanimité et certains députés posent leurs conditions. Aussi, pour convaincre les récalcitrants du groupe LR, le gouvernement devrait certainement faire d’autres concessions dans le débat parlementaire.

« J’ai été clair depuis le départ, j’ai dit que si les différents points, les carrières des femmes, si les pensions de retraite pour celles et ceux qui sont déjà en retraite à 85% et si pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, on avait une pénalité, ce qui se profile dans les annonces de la Première ministre, je ne voterais pas ce texte… »

Hauts les cœurs à la Nupes

À gauche de l’Assemblée, en revanche, les choses sont claires. Aussitôt annoncée, aussitôt combattue, la réforme d’Élisabeth Borne. Quelques minutes à peine après la présentation par la Première ministre, la Nupes tenait mardi soir son premier meeting contre le texte.

L’ambiance était festive, dans la salle, même si sur la scène, les mines étaient graves, relate Aurélien Devernoix. Le rendez-vous s’est ouvert avec les premiers de corvée : manutentionnaires, vendeurs, auxiliaires de vie. La révolte, c’est l’option qu’il faut choisir, ont ensuite martelé les politiques.

Cette bataille, l’union de la gauche la mènera au Parlement, mais surtout dans la rue, aux côtés des syndicats. L’objectif est donc affiché pour le 19 janvier, première grande date de mobilisation lancée par les organisations syndicales face à cette énième réforme des retraites.

« Il faut toucher les cœurs. L’autre endroit qu’il faut toucher chez les Français, c’est les tripes ! Comment ils se permettent là-haut de distribuer 80 milliards d’euros de dividendes, et il faudrait venir se servir sur les retraites des enseignants, des soignants, de ceux qui tiennent le pays debout ? »

B. M.