dimanche 23 mars 2025
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France : des dizaines de milliers de personnes dans la rue contre le racisme

Quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé en France samedi 22 mars contre le racisme et l’extrême droite, une mobilisation mise sous le feu des projecteurs cette année par la polémique autour de l’affiche LFI présumée antisémite à l’effigie de Cyril Hanouna.

À Marseille, quelque 3 300 personnes selon la police ont défilé en brandissant des pancartes « contre l’islamophobie d’État », « Tesla is the new swastika », (croix gammée, NDLR), « plus d’amour, moins de Zemmour. » Dans le cortège, émaillé de drapeaux palestiniens, de nombreux jeunes dont Inès Frehaut, en terminale, qui participe à sa première manifestation. « Quand on voit les propos de Bruno Retailleau sur l’islam, l’Algérie, le port du voile, c’est grave ! », lance-t-elle.

Beaucoup de jeunes également dans les 2 600 manifestants comptés par la police à Lille. Timeo Daramos, lycéen en première issu de l’immigration portugaise, porte une pancarte « Le fascisme n’est pas un détail de l’Histoire ». « Si on ne fait rien, on va se faire manger », craint-il.

À Paris, plusieurs milliers de personnes sont parties depuis la place de la République vers la Nation. « L’Amérique glisse vers le fascisme. Nous avons besoin de manifestations comme ça aux États-Unis », a plaidé Ann, une Américaine de 55 ans.

« Je suis né en France de parents algériens. Je me sens vraiment en première ligne. Il faut dénoncer toutes sortes de racisme et de violences verbales ou physiques. C’est ce pourquoi nous sommes là aujourd’hui. »

Le rendez-vous était fixé de longue date, au lendemain de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, inscrite par l’ONU à l’agenda le 21 mars. Dans l’Hexagone, des centaines de syndicats et d’associations, locales ou nationales, ont organisé des rassemblements, de Saint-Lô à Sète. « On voit bien comment il y a aujourd’hui globalement une forme d’offensive réactionnaire contre les étrangers et leurs enfants, contre les musulmans, comment on voit la remontée des nombres d’actes racistes et antisémites », s’est indigné le président de SOS Racisme Dominique Sopo.

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’est dite « très inquiète » de la façon dont on traite « 3,5 millions de travailleurs étrangers » sans-papiers ou « en grande difficulté » pour renouveler leurs titres de séjour.

« Personne ne nous détournera de l’objectif de cette manifestation »

Toutefois, les organisateurs ont été relégués au second plan par la France insoumise qui a élargi le mot d’ordre contre le racisme pour en faire « des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées ». « Les idées d’extrême droite contaminent jusqu’au gouvernement », a justifié la députée LFI Aurélie Trouvé, présente dans le cortège parisien.

« Personne ne nous détournera de l’objectif de cette manifestation », a-t-elle insisté en référence à la polémique depuis dix jours, à cause d’un visuel présentant le visage de Cyril Hanouna, animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sourcils froncés et grimace agressive. Cette représentation a valu au parti une condamnation en référé pour « atteinte au droit à l’image » de l’animateur, une décision dont LFI a aussitôt annoncé faire appel.

Mais là où le bât blesse, c’est dans la ressemblance entre cette caricature de Cyril Hanouna, juif d’origine tunisienne, et certaines affiches antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie. Raison qui avait d’ailleurs poussé LFI à retirer son visuel rapidement et certains cadres insoumis à reconnaître une « erreur ».

«Il ne faut pas monter telle communauté contre telle communauté parce que nous serons perdants. Il est au contraire extrêmement important que nous dénonçions ensemble le racisme, l’antisémitisme qui s’exercent de manière non résiduelle.»

« Un parti est composé de citoyens qui font parfois des erreurs (…) Des voix juives dans nos rangs ont pu nous dire que c’était une erreur, donc là, on ne peut pas dire qu’il y a une instrumentalisation » contre nous, a admis samedi l’eurodéputée Rima Hassan, fer de lance de la cause palestinienne au sein du mouvement. Cependant, Jean-Luc Mélenchon, qui s’est offert samedi un bain de foule à Marseille sans s’exprimer publiquement, a refusé tout mea culpa.

Pour bien se démarquer de LFI, Sophie Binet a souligné que « de nombreuses associations qui luttent contre l’antisémitisme (…) seront dans le carré de tête » avec les syndicats. Finalement, chacun a défilé sans se mélanger, LFI le plus souvent en queue de cortège comme à Paris.

M. B.