Le président Emmanuel Macron a promis, ce vendredi 20 janvier devant les armées françaises, un budget en hausse d’un tiers sur la période 2024-2030, soit un effort budgétaire « considérable », 400 milliards d’euros sur sept ans, dans le cadre de la future Loi de programmation militaire (LPM).
À l’occasion de ses vœux aux armées, depuis la base aérienne de Mont-de-Marsan dans le Sud-Ouest, M. Macron a promis aux armées un budget de 400 milliards d’euros sur sept ans dans le cadre de la future Loi de programmation militaire. Un tiers de plus que la précédente LPM.
Sur fond de retour de la guerre en Europe, la Loi de programmation militaire, a annoncé le chef de l’État français, traduit les efforts du pays en faveur de ses armées, et « ces efforts seront à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables ». Il faut avoir une guerre d’avance, plaide le président.
« Alors que la Loi de programmation militaire 2019-2024 représentait un effort de 295 milliards d’euros, je peux vous le dire à présent, je solliciterai de la représentation nationale que nous puissions consacrer, sur la période 2024-2030, un effort budgétaire de 400 milliards d’euros, ce qui permettra de couvrir un total de 413 milliards d’euros de besoins militaires. Au total, ces deux lois de programmation militaire auront donc conduit à un doublement des budgets de nos armées. Je le dis avec gravité, ce sont des moyens considérables qui amplifient un effort de défense dont la dynamique est sans précédent depuis cinq décennies. Ces ressources exceptionnelles dictent évidemment une grande exigence. Nous devons franchir cette étape essentielle afin de bâtir nos armées de demain, même si ce n’est qu’une étape, car ces 413 milliards ne permettent pas de dessiner à eux seuls le nouveau visage de nos armées, mais ils amorcent un investissement inédit, un changement profond, qui sera ensuite irréversible. »
« Notre territoire n’est pas à l’abri de frappes isolées »
Un investissement majeur pour renforcer les capacités cyber, le renseignement militaire, la dissuasion nucléaire… Et à la lumière de l’Ukraine, se préparer à des guerres brutales, nombreuses, et par conséquent durcir l’armée française, insiste Emmanuel Macron.
« Nous passerons au « tout Rafale » et maintiendrons cet avion d’exception au meilleur niveau mondial. Nous poursuivrons résolument la modernisation de nos forces terrestres, et une contribution particulière dans les nouveaux combats cyber. Nous augmenterons la puissance et la protection de nos frégates, et bien sûr, nous développerons le porte-avions de nouvelle génération. Nous devrons également innover en développant des munitions guidées à distance, en élargissant l’usage des drones. Nous renforcerons la défense solaire, car même avec la dissuasion, notre territoire national n’est pas à l’abri de frappes isolées. C’est pourquoi nous augmenterons nos capacités dans toutes les couches de la défense aériennes d’au moins 50%. La frappe de longue portée, la lutte anti-sous-marine, feront partie de ces priorités et de ce renforcement. »
L’Outre-mer bénéficiera aussi de moyens supplémentaires, en particulier en Indo-Pacifique, où, a encore souligné le chef de l’État, les territoires français pourraient être aux premières loges des confrontations de demain.
« La souveraineté, c’est aussi la capacité de résistance »
La nouvelle LPM pour la période 2024-2030 mettra l’accent sur la souveraineté, alors que la France, a rappelé M. Macron, entend rester une puissance respectée et un partenaire crédible.
« Nous devons faire mieux et différemment. C’est donc d’abord renforcer notre dissuasion. La dissuasion est un élément qui fait de la France un pays différent en Europe. Elle mérite les efforts considérables que nous lui consacrons. Le cœur de souveraineté, c’est aussi le renforcement des postures permanentes. Cela suppose des capacités accrues de renseignement, qui nous permettent d’anticiper les crises ou les menaces. Cette Loi de programmation militaire à venir augmentera massivement les crédits de renseignement de près de 60% au total. Capacité accrue aussi de surveillance, avec des drones notamment et des moyens d’action dans nos espaces de souveraineté, des moyens d’intervention. Mais la souveraineté, c’est aussi la capacité de résistance, notre résilience, et d’abord la résilience cyber. Je souhaite que nous puissions doubler notre capacité de traitement des attaques cyber majeures. Face à des adversaires aguerris, technologiquement parfois redoutables, nous devrons agir plus fort aussi, pour obtenir rapidement des effets militaires décisifs : cela implique de durcir notre outil. »
Dans le détail, le budget alloué à la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) seront doublés.
La précédente LPM, pour la période 2019-2025, de 295 milliards d’euros, avait mis fin à des années de coupes budgétaires dans les armées. La nouvelle LPM se montera précisément à 413 milliards d’euros, comme annoncé par Emmanuel Macron, soit 400 milliards budgétaires votés au Parlement, plus 13 milliards de recettes extra-budgétaires (infrastructures, ventes de fréquence…).
La nouvelle enveloppe budgétaire devrait toutefois se voir tempérée par l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie.
Cette Loi de programmation militaire devrait être soumise au vote du Parlement d’ici à l’été.
G. K.