« On est venus, on a vu et on a été déçus », a déclaré la cheffe des écologistes Marine Tondelier, regrettant qu’il n’y ait « rien de nouveau sous le soleil », à l’issue de cette rencontre.
Une « initiative d’ampleur »… et jusqu’au bout de la nuit. La réunion politique inédite à Saint-Denis entre Emmanuel Macron et les chefs de partis s’est terminée après 3h du matin ce jeudi 31 août, après une douzaine d’heures d’échanges. Tous étaient réunis au Parlement autour de trois thèmes : international, institutions, et « cohésion de la nation ».
Les chefs de la Nupes n’ont pas caché leur déception à la sortie de la rencontre, évoquant un seul point positif sur la tenue d’une conférence salariale. « On est venus, on a vu et on a été déçus », a déclaré la cheffe des écologistes Marine Tondelier, regrettant qu’il n’y ait « rien de nouveau sous le soleil ».
Ceci tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, lâchait à ses côtés avoir eu « l’impression de vivre 12 heures sur la planète Mars » , face à un interlocuteur qui n’est pas prêt à entendre « les propositions de la gauche ». Il a dit craindre « que les Français ressortent très déçus de ce rendez-vous ».
« On est loin du grand soir », a renchéri le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a décrit un président de la République qui « s’est engouffré dans les propositions de la droite ». Seul point positif à ses yeux, un engagement présidentiel sur une « conférence salariale », que la Nupes demandait.
Arrivés à quatre avec le dirigeant communiste Fabien Roussel, les chefs de la Nupes n’étaient plus que trois devant les caméras à la sortie de la réunion. Le chef du PCF a attendu le lendemain matin pour s’exprimer, saluant des discussions « franches ». « Je ne peux pas dire maintenant que ça n’a servi à rien », a-t-il dit sur RTL, à rebours de l’insoumis Manuel Bompard. « On s’est parlé, et se parler c’est déjà une bonne chose. Maintenant (…) je souhaite que les choses que nous avons dites au président de la République puissent se traduire, au moins qu’il puisse y répondre par oui ou par non ou que l’on puisse ouvrir des pistes de travail sur d’autres sujets », a réclamé l’élu du Nord.
La réforme des retraites, un « fossé » entre Macron et les Français
Premier à se présenter devant les médias à l’issue de ce sommet à huis clos, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a évoqué des débats « francs » mais s’est dit « dans l’incapacité » de préciser sur quoi ils déboucheraient. « Il n’y a pas de conclusion pour l’instant », a-t-il dit, expliquant que le chef de l’État devait « revenir vers la représentation nationale pour fournir un agenda et un calendrier ».
Le dirigeant du parti d’extrême droite, « sceptique » sur la multiplication des initiatives du président, a assuré avoir dit à Emmanuel Macron « que la réforme des retraites avait évidemment créé un fossé entre lui et les Français » et qu’un référendum sur l’immigration, qu’il réclame, était la « seule mesure efficace ».
Courtisé par la Macronie qui dépend souvent des voix de la droite à l’Assemblée en l’absence de majorité absolue depuis 2022, le patron du parti Les Républicains Éric Ciotti ne s’est pas exprimé publiquement à la sortie de réunion. Ce jeudi matin, il a dit sur France 2 « ne pas récuser la méthode, utile et opportune » mais « pour l’heure, je ne suis pas convaincu sur les résultats ». « Je ne sais pas sur quoi tout ça va déboucher », a affirmé le numéro 1 du parti Les Républicains .
Macron veut retenter l’expérience
Selon un cadre du camp présidentiel, les discussions sur la situation internationale ont été « constructives », et celles sur les institutions ont montré que la nécessité d’une « modernisation » pour « faire davantage participer les citoyens » était « partagée » par tous.
À la fin du sommet, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il ferait « parvenir dans les prochains jours une lettre synthétisant les échanges et les titres de travail proposés, que chacun pourra amender, pour poursuivre » les discussions, selon son entourage.
« Tout le monde a d’ores et déjà accepté de se revoir sur le même format, dans les mêmes conditions, pour une prochaine session de travail », a-t-on ajouté de même source, sans qu’une date soit déjà fixée. Le chef de l’État a indiqué aux chefs de parti qu’il entendait leur proposer « rapidement » une « méthode » de travail avec « un agenda plus précis ». Un séminaire gouvernemental de suivi se tiendra en outre le 6 septembre.
Durant douze heures, rien n’avait filtré sur la teneur des échanges : la presse était tenue à l’écart et les participants ont dû se séparer de leurs téléphones, qu’ils n’ont récupérés que brièvement lors de courtes pauses entre les sessions.
M. B.