samedi 21 décembre 2024
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France : le pape François attendu à Ajaccio pour une visite historique en Corse

Le pape François est attendu ce dimanche à Ajaccio pour une visite de quelques heures, où il viendra prononcer notamment le discours de clôture d’un colloque internationale sur la religiosité en mer Méditerranée. Deux thématiques qui résonnent profondément avec le pontificat du pape argentin qui est vivement attendu par la population corse. 

Si la réouverture de Notre-Dame ne correspondait pas du tout au profil du pape François, un évènement bien trop politique et trop tourné vers le passé, la Corse, elle, coche de nombreuses cases. Il s’agit d’un lieu périphérique, loin de la capitale et en plus c’est une île de la Méditerranée, une mer que François célèbre comme un carrefour des religions et la pratique d’une foi populaire.

Cette visite sur l’île de Beauté, qui compte près de 3 000 confréries, est aussi un écho aux racines argentines de François, où la piété populaire est très forte. La grand-mère de Jorge Maria Bergoglio l’emmenait quand il était petit aux processions du Vendredi Saint dans les rues de Buenos Aires. La piété populaire est « le système immunitaire de l’Église » répète souvent le pontife argentin, qui en 2007, alors à la tête du diocèse de Buenos Aires fut le rédacteur principal du document d’Aparecida, un texte signé au Brésil sur les orientations de l’Église en Amérique latine, et qui réaffirme l’importance de la religion populaire.

Cette visite en Corse est aussi l’occasion pour François de mettre une nouvelle fois l’accent sur cette Méditerranée qu’il a mis au cœur de son pontificat. Après Chypre, Malte, Lesbos ou Lampedusa, et un an après son déplacement à Marseille, le pape rajoute une nouvelle île de l’espace méditerranéen à ses voyages.  Un espace où se jouent à ses yeux de grands défis contemporains comme le dialogue interreligieux ou encore l’accueil des migrants. Toutefois, contrairement à sa visite à Marseille, où le programme en disait déjà long sur son choix d’aborder la thématique de la migration, à Ajaccio, rien n’indique encore dans quelle direction ira son discours.

Tapis rouge

En tout cas, le Pape est attendu de pied ferme sur place. Dans les rues de la cité impériale, désertées de voitures du fait des interdictions massives de stationnement, c’est l’effervescence à quelques heures de l’arrivée dimanche du souverain pontife, la première visite d’un pape sur cette île méditerranéenne de 350 000 habitants. La ville portuaire se pare, petit à petit, de jaune et de blanc, les couleurs papales, parfois associées à la bandera, le drapeau corse, composé d’une tête de Maure sur fond blanc. Sur la façade d’un hôtel, une immense croix rouge en tissu, haute de quatre étages, a été installée.

Côté sécurité, quelque 2 200 renforts de policiers, gendarmes et autre CRS et militaires de la sécurité civile, qui viennent s’ajouter au millier de membres des forces de l’ordre présentes à demeure dans l’île de Beauté, sont arrivés, s’est félicité Jérôme Filippini, le préfet de Corse.

Un dispositif peu étonnant à la vue de l’envergure de l’évènement mais ce qui étonne davantage François Mabille, chercheur au CNRS, c’est que l’organisation de ce séjour qui a complètement échappé à la hiérarchie de l’église française. Cette dernière l’a même appris tardivement. Tout s’est fait, selon le spécialiste du Vatican, grâce au lien particulier qu’entretient le pape avec l’évêque d’Ajaccio, François Bustillo, qu’il a choisi de faire cardinal l’année dernière. Parfois présenté comme un potentiel pape, le très populaire évêque d’Ajaccio, Mgr François-Xavier Bustillo, détonne par son exposition médiatique qui, d’ailleurs, en agace certains à Rome.

M. B.