Il devrait bien y avoir un procès pour Marine Le Pen et 26 autres personnes dans l’affaire des assistants de députés européens du Front national, devenu, depuis, Rassemblement national (RN). La justice française soupçonne plusieurs élus frontistes de l’époque d’avoir employé, de 2004 à 2016, du personnel du parti – gardes du corps, assistants… – avec l’argent de l’Union européenne. Le parquet de Paris a requis un procès, vendredi 22 septembre.
Ils sont 27, parmi lesquels Marine Le Pen, triple candidate à l’élection présidentielle, son père Jean-Marie, fondateur du parti, Louis Aliot, le maire de Perpignan, ou encore l’ex-numéro deux du parti, Bruno Gollnisch. Et ils sont soupçonnés d’avoir participé à un système de détournement des fonds publics lorsqu’ils étaient députés européens.
Ont-ils réellement utilisé une partie de leur enveloppe parlementaire pour salarier du personnel qui travaillait en réalité pour le parti à Paris ? Le parquet estime en tout cas qu’il y a assez d’éléments pour les renvoyer devant le tribunal correctionnel. Une décision qui intervient quelques jours seulement après le lancement de la campagne du RN pour les élections européennes, prévues le 9 juin 2024.
Et ce n’est pas un hasard, estime Laurent Jacobelli, porte-parole du parti, joint par Pierrick Bonno. « On a l’habitude maintenant de voir, à six ou neuf mois d’une échéance électorale importante, ressurgir l’affaire des collaborateurs européens. À chaque fois, bien sûr, nos députés prouvent leur bonne foi. Mais ça n’empêche pas que ce soap-opéra judiciaire sorte un épisode nouveau à chaque début de campagne. Ce que nous souhaitons, c’est que le débat de fond ne soit pas occulté par ce qui pourrait peut-être être des manœuvres. »
Dans cette affaire, on apprenait jeudi que Marine Le Pen avait remboursé cet été près de 330 000 euros au Parlement européen. Mais l’histoire ne s’arrêtera donc pas là. Le Rassemblement national n’est d’ailleurs pas le seul parti inquiété par la justice. Le MoDem est aussi dans le viseur des juges : onze personnes, dont François Bayrou, seront sur le banc des prévenus le mois prochain dans une affaire similaire.
M. B.