Le député Rassemblement national Grégoire de Fournas, accusé d’avoir tenu des propos racistes en séance, a été exclu temporairement du Palais-Bourbon, a annoncé ce vendredi la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet.
La décision a été confirmée par un vote dans l’hémicycle, lors duquel les députés favorables à la sanction, la plus lourde prévue par le règlement, se sont levés. La présidente a demandé à Grégoire de Fournas, élu de Gironde, de quitter l’hémicycle avant de prendre la parole. « Le libre débat démocratique ne saurait tout permettre (…) et surtout pas le racisme », a dit Yaël Braun-Pivet.
Grégoire de Fournas a reconnu avoir lancé jeudi « qu’il retourne en Afrique » lors d’une intervention de l’élu LFI Carlos Martens Bilongo, qui s’exprimait sur le « drame de l’immigration clandestine » pendant la séance de questions au gouvernement. Le député de Gironde a ensuite catégoriquement nié tout caractère raciste, assurant parler du bateau humanitaire Ocean Viking bloqué en mer avec 234 migrants, et pas de Carlos Martens Bilongo, élu noir du Val-d’Oise. Il a dénoncé une « manipulation de LFI » visant à lui prêter des « propos dégueulasses ».
Après avoir entendu Grégoire de Fournas, le bureau de l’Assemblée a décidé de prononcer contre lui une « censure avec exclusion temporaire », qui prévoit une réduction de moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois et l’interdiction de participer aux travaux parlementaires ou de paraître au Palais-Bourbon pendant quinze jours.
C’est la deuxième fois seulement qu’une telle sanction est prononcée depuis 1958 et l’avènement de la Ve République. La première date de 2011. Elle avait été prise contre le député apparenté PCF Maxime Gremetz, à qui il était reproché d’avoir perturbé une réunion consacrée à la situation d’urgence au Japon après l’accident de Fukushima.
La sanction la plus lourde
Nupes et camp présidentiel plaidaient pour la sanction « la plus lourde » contre le député RN. « La question de sa démission se pose », a lancé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin vendredi sur BFMTV et RMC, ajoutant qu’il signerait une pétition du groupe Renaissance réclamant son départ. Les Verts et des élus LFI demandent aussi sa démission.
Selon deux participants à la réunion du bureau de l’Assemblée, la décision a été prise à l’unanimité, les députés Rassemblement national présents ayant choisi de quitter la salle et de ne pas participer au vote.
La sanction correspond à « ce que nous demandions », a déclaré Mathilde Panot, présidente du groupe LFI. De son côté, la présidente du groupe RN, Marine Le Pen, a dénoncé une procédure « politique ». « Si à chaque fois qu’un propos manque de finesse, il devait faire l’objet d’une exclusion de l’Assemblée nationale, on se sentirait à l’aise, on aurait de la place », a-t-elle déclaré à la presse.
M. B.