dimanche 22 décembre 2024
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France : un enseignant poignardé à mort et deux blessés dans un lycée à Arras

Un homme a été interpellé après avoir tué un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans un lycée du nord de la France vendredi 13 octobre. Une attaque qui intervient dans un contexte de crainte d’importation du conflit entre Israël et le Hamas en France, et près de trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty. Le président français Emmanuel Macron s’est rendu sur place.

Un homme armé d’un couteau a tué un professeur et fait deux blessés vendredi 13 octobre dans un lycée d’Arras, dans le nord de la France, a appris l’agence France-presse (AFP) auprès de la préfecture et de source policière. Selon des sources policières, il aurait crié « Allah Akbar ».

Parmi les deux blessés figurent un agent de sécurité qui a été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant, a indiqué une deuxième source policière. Aucun lycéen n’a été blessé, selon une première source policière. Les lycéens et le personnel du lycée ont été confinés dans l’établissement.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l’établissement, visiblement arme à la main, avant de se diriger vers la porte de l’établissement.

La France est passée en alerte « urgence attentat » après l’attaque, a indiqué vendredi soir Matignon. La Première ministre Élisabeth Borne « a décidé de rehausser la posture Vigipirate au niveau urgence attentat », le niveau le plus élevé de ce dispositif de sécurité, a indiqué Matignon après une réunion de sécurité à l’Élysée autour du président Emmanuel Macron.

Le niveau « urgence attentat » du dispositif Vigipirate, qui relève du chef du gouvernement, peut être mis en place à la suite immédiate d’un attentat ou si un groupe terroriste identifié et non localisé entre en action.

« Il y a un lien entre ce qu’il s’est passé sans doute dans le Proche Orient et le passage à l’acte » de l’assaillant, a déclaré sur TF1 le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Les élèves ont d’abord cru à un exercice

L’auteur des faits a été interpellé par la police, a précisé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur X (anciennement Twitter). Dans la soirée de vendredi, un total de huit personnes étaient en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur l’attentat, a indiqué une source policière. Outre l’assaillant, plusieurs membres de sa famille ont été interpellées « pour les besoins de l’enquête », dont l’un de ses frères ainsi que sa sœur, ont précisé d’autres sources policières.

L’émotion intense était palpable le soir dans cette petite ville calme où on n’aurait jamais imaginé qu’une telle attaque puisse se produire.

« Ce genre de choses, ça arrive dans les films, ou ailleurs, dans les grandes villes », ont dit plusieurs habitants devant la cité scolaire Gambetta. « Moi, je me suis toujours sentie à l’abri ici, a confié encore une retraitée habitant en face du lycée. Maintenant, c’est fini, j’ai peur ». Elle affirme n’avoir assisté à rien.

En revanche, une fleuriste un peu plus loin à l’angle, a vu une foule de personnes entrer brusquement dans son magasin, pour se réfugier. Elle a alors fermé toutes les portes, et après la dizaine de minutes où tout a duré, tout le monde est reparti. Elle a continué à travailler.

Mais plusieurs boutiques du centre-ville étaient fermées cet après-midi pour témoigner de leur solidarité avec la famille du professeur tué, et aussi avec les élèves. Des jeunes se disaient choqués par ce qu’ils ont vu ou entendu. Ils ont d’abord cru à un exercice quand l’alarme attentat a retenti, mais ont vite compris.

Samedi, l’établissement scolaire sera ouvert pour permettre aux jeunes et aux enseignants d’échanger.

Assaillant présumé fiché S

L’assaillant présumé, Mohammed M., âgé de 20 ans, est d’origine tchétchène et fiché pour radicalisation, selon des sources policières. Son frère a également été interpellé à proximité d’un autre établissement scolaire, sans être en possession d’une arme, selon les premières informations, a ajouté une autre source policière. Et selon une source policière, « plusieurs membres de la famille ont été interpellés pour les besoins de l’enquête ».

L’auteur de l’attaque « faisait l’objet d’un suivi actif » de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait été contrôlé jeudi « sans qu’aucune infraction ne puisse lui être reprochée », a dit à l’AFP une source renseignement. Un de ses frères avait lui « été interpellé à l’été 2019 par la DGSI dans le cadre d’un projet d’attentat déjoué puis de faits d’apologie et est écroué », a encore dit cette source.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a été saisi. Les investigations, aussi ouvertes pour tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste, ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (Sdat), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), précise le Pnat.

Une autre « tentative d’attentat » déjouée par une intervention policière, annonce Macron

Le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Arras en début d’après-midi et a marqué une pause devant le corps de l’enseignant recouvert d’une couverture, avant d’aller rencontrer des élèves.

Selon lui, une intervention policière a aussi empêché une autre attaque dans une région différente. « Au moins une autre intervention a permis de déjouer une tentative d’attentat qui était en cours dans une autre région », a déclaré le président de la République, qui était accompagné des ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et de l’Éducation nationale Gabriel Attal.

En fin de matinée, l’Assemblée nationale a suspendu ses travaux en solidarité avec les victimes, puis respecté une minute de silence en début d’après midi pour exprimer leur solidarité « face à l’horreur » à la reprise de leurs travaux.

« Presque trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty »

« Presque trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, c’est à nouveau dans une école que frappe le terrorisme », a ajouté le chef de l’État, évoquant l’attaque au couteau à Arras.

Car ces faits ont lieu presque trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression. L’assaillant de 18 ans, un réfugié russe d’origine tchétchène, avait été tué par la police.

Le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a demandé aux recteurs d’académies de « prendre sans délai toutes les mesures » nécessaires pour « renforcer la sécurité de tous les établissements » scolaires, dans un message transmis au ministère. Le ministère de l’Intérieur, lui, a demandé de « relever très fortement le niveau de vigilance sur l’ensemble des établissements scolaires ».

B. M.