jeudi 17 octobre 2024
Accueil > A la UNE > France : une marche contre la vie chère à quitte ou double pour Jean-Luc Mélenchon

France : une marche contre la vie chère à quitte ou double pour Jean-Luc Mélenchon

Les partis de l’union de la gauche, la Nupes, organisent ce dimanche 16 octobre une marche contre la vie chère et l’inaction climatique. Un rendez-vous prévu de longue date par Jean-Luc Mélenchon qui souhaitait en faire une démonstration de force face au gouvernement. Mais la stratégie du leader Insoumis ne fait pas l’unanimité et son étoile a pâli avec l’affaire Adrien Quatennens. 

Les partis de la gauche unie, plusieurs ONG et syndicalistes vont défiler dimanche 16 octobre à Paris dans une « marche contre la vie chère et l’inaction climatique », avec l’espoir d’ouvrir dans la rue un nouveau front contre le gouvernement. L’ex-candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, avait demandé dès juillet à ses troupes et à la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) d’organiser une manifestation la plus large possible, avec les associations et les syndicats.

Division

Dans les rangs insoumis, on préfère voir le verre à moitié plein : la crise des carburants et la bataille autour du budget au Parlement a remobilisé les troupes et, ces derniers jours, le nombre de bus affrétés pour venir à Paris a bondi, laissant espérer une mobilisation plus grande que celle qui s’annonçait voilà encore une semaine.

Mais il y a aussi les partisans du verre à moitié vide, notamment dans les rangs communistes, où la volonté d’organiser une marche sans vraiment y associer les syndicats n’a pas plu. Le patron du PCF, Fabien Roussel, ne sera d’ailleurs pas là, tout comme les dirigeants des centrales syndicales.

Impopulaire

Mais tous sont d’accord sur une chose : le principal problème, c’est celui qui tient le verre, Jean-Luc Mélenchon. Sa défense acharnée d’Adrien Quatennens, l’ancien coordinateur du parti en plein divorce et ayant reconnu avoir giflé son épouse, a braqué aussi bien en interne qu’en externe. Un sondage Viavoice publié par Libération ce week-end est d’ailleurs sans appel : les deux tiers des Français ont une opinion négative de lui, voire très négative pour près de la moitié.

Or, cette marche est un « moment Mélenchon » reconnaît-on à la Nupes. Avec la crainte que les critiques autour du triple candidat à la présidentielle effacent les revendications et handicapent l’objectif de faire de la marche le point de départ d’une grande mobilisation, notamment contre la réforme des retraites.

Dans le nord de la France à Tourcoing, près de Lille, une famille souffre particulièrement de ces augmentations de prix. C’est une maison typique de cette ville située dans l’orbite de l’agglomération lilloise, un panorama de briques rouges dans cet ancien fleuron de l’industrie textile aujourd’hui décimé par la pauvreté, écrit notre envoyé spécial. Laurence, son mari et leurs quatre enfants vivent ici. Elle ne travaille pas. Lui rénove des mobil-homes.

Total de leurs revenus mensuels : 1 400 euros. Laurence : « Quand on va au marché, ça revient cher. Quand on prend tout, pour les enfants, tout ça. Ça a augmenté énormément. On n’achète quasiment rien et on en a déjà pour 70 euros, et on n’a rien dans le chariot. le principal, c’est que les enfants mangent. Après si moi et mon mari on ne mange pas grand-chose. Ça arrive que je ne mange pas le midi, je me prive pour mes enfants. »

Alors pas le choix. Une fois par semaine, Laurence va chercher des paniers aux Restos du cœur : « Ça me permet déjà de dépenser un peu moins. Ça nous permet d’avoir un peu plus, le lait et tout ça pour les enfants. La vie est trop chère, les courses, l’électricité, l’eau, tout ça. Moi, je ne me fais jamais plaisir, ni pour moi, ni pour mes enfants. Un restaurant, c’est peut-être une fois tous les deux mois ». En France, 9,3 millions de personnes vivent avec moins de 1 063 euros par mois. Une pauvreté qui s’ancre, selon les associations, et que l’inflation pourrait encore intensifier.

M. B.