jeudi 17 octobre 2024
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Guerre en Ukraine : Macron plaide pour une reprise des négociations

Le président français Emmanuel Macron a exhorté mercredi soir son homologue russe Vladimir Poutine à « revenir autour de la table des discussions » et promis la livraison de systèmes de défense anti-aérienne à l’Ukraine, en proie à de nouveaux bombardements russes massifs.

« Aujourd’hui, d’abord, Vladimir Poutine doit cesser cette guerre, respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et revenir autour de la table des discussions », a affirmé Emmanuel Macron sur la chaîne publique France 2, lui reprochant d’avoir fait le « choix » d’« installer » l’Europe « dans la guerre » avec ses frappes de missiles des derniers jours et la mobilisation pour renforcer son armée.

Le président français, malgré les critiques y compris ukrainiennes, n’a jamais rompu le dialogue avec le maître du Kremlin depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. Il a assuré qu’il continuerait de lui parler « à chaque fois que cela sera nécessaire ».

Le président a redit qu’il reviendrait in fine aux Ukrainiens de décider quand les conditions de la négociation seront réunies et que le but affiché était clair : un retour aux « frontières de 1991 », avant l’annexion de la Crimée en 2014 et celle de quatre régions fin septembre par la Russie.

« La question est de savoir si ces buts de guerre ne seront obtenus que militairement », s’est-t-il interrogé. « Je crois qu’à un moment donné, ce sera de l’intérêt de l’Ukraine et de la Russie de revenir autour de la table et de négocier ». « La stabilité de notre continent, c’est notre affaire à tous (…) Nous aurons des rôles de garants à jouer », a-t-il dit, tout en concédant que ces négociations n’interviendraient « pas dans les prochaines semaines » et qu’il fallait se préparer à « passer l’hiver dans ce contexte de guerre ».

Nouveau soutien militaire à Kiev

D’ici là, la France va continuer à aider militairement l’Ukraine en lui livrant des « radars, des systèmes et des missiles » face aux bombardements et aux attaques de drones russes, a indiqué Emmanuel Macron, mais sans préciser pour autant quel système antiaérien il entendait livrer. Kiev lorgne sur les SAMP Mamba, produits par Thales et MBDA soit l’équivalent des Patriot américains. Reste que l’armée française ne possède à ce jour que 8 de ces systèmes.

Le président français a, en revanche, ajouté que la France envisageait de livrer des canons Caesar supplémentaires, 6 de plus après les 18 déjà fournis. Des canons prélevés sur une commande initialement destinée au Danemark. « On est en train de travailler à la livraison de 6 canons additionnels avec le Danemark. Pourquoi ? Parce qu’en fait, ce sont des canons qu’on a produits qui étaient destinés à l’armée danoise et on est en train d’essayer de les produire en parallèle et de les livrer tout de suite aux Ukrainiens. »

Le chef de l’État a indiqué qu’il entendait aussi renforcer la posture de l’Otan sur le flanc est européen. Des chasseurs Rafale rejoindront l’Estonie. Quant au contingent français déployé en Roumanie, il recevra l’appui d’un escadron de Charles Clerc, soit 12 blindés lourds accompagnés d’une centaine de soldats.

Mise en garde à la Biélorussie

Il a adressé également une mise en garde au président bélarusse Alexandre Loukachenko, l’un des principaux alliés des Russes, en assurant qu’il aurait des « problèmes » s’il s’engage plus encore dans le conflit. Emmanuel Macron a appelé à « éviter toute escalade du conflit », pour qu’il ne s’étende pas à un pays voisin de l’Ukraine et pour empêcher le recours par Moscou à des armes chimiques ou nucléaires.

Mais le chef de l’État, qui a promis de « dire la vérité » aux Français sur les implications de la guerre, a préféré botter en touche sur la menace nucléaire agitée par Vladimir Poutine, rappelant seulement que la France était également un pays « doté » de la bombe atomique et croyait en la « dissuasion ». « Moins on en parle », plus elle est crédible, a-t-il glissé.

« Notre doctrine repose sur les intérêts fondamentaux de la nation et ils sont définis de manière très claire. Ce ne serait pas du tout ça qui serait en cause s’il y avait par exemple une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région. »

Alors que la France est en proie à l’agitation sociale et politique, les enjeux sont d’autant plus lourds que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase, avec des frappes russes massives lundi et mardi sur le territoire ukrainien et des menaces directes du Kremlin sur les Européens qui soutiennent Kiev.

M. B.