Humanitaires tués à Gaza : l’enquête australienne pointe de « sérieuses défaillances » de l’armée israélienne

Quatre mois après l’attaque d’un convoi humanitaire dans le centre de Gaza par les forces israéliennes qui a coûté la vie à sept travailleurs humanitaires dont une Australienne, une enquête ordonnée par Canberra a conclu, ce vendredi 2 août, que les frappes étaient le résultat d’une série de sérieuses défaillances à différents échelons. 

L’attaque à Gaza « n’était pas sciemment ou délibérément dirigée contre WCK », affirme le rapport qui rappelle que l’enquête interne menée par l’armée israélienne a conclu à une « grave erreur découlant d’une sérieuse défaillance due à une mauvaise identification, à des erreurs dans les prises de décision et à des violations des règles d’engagement et des procédures opérationnelles standards ».

Cette enquête, confiée à l’ancien chef de l’armée de l’air Mark Binskin, avait été ordonnée par Canberra en raison de la mort d’une ressortissante australienne dans cette série de trois frappes, qui avait également coûté la vie à trois Britanniques, un Américano-Canadien, un Polonais et un Palestinien. Les sept victimes travaillaient pour l’organisation américaine World Central Kitchen (WCK). L’armée israélienne a reconnu une série d’erreurs à divers échelons.

Le rapport d’enquête pointe une succession de défaillances opérationnelles. La présence d’un vigile armé sur le toit du camion, un agent de sécurité de l’organisation humanitaire, a induit en erreur les militaires israéliens qui ont confondu le convoi avec celui du Hamas. « Dans cet incident, il semble que les contrôles des Forces de défense d’Israël aient échoué, ce qui a entraîné des erreurs dans la prise de décision et une mauvaise identification », estime le rapport.

L’une des erreurs les plus importantes a été de ne pas lire le plan de mouvement convenu au préalable entre l’armée israélienne et WCK. Israël n’a découvert l’erreur que lorsque des informations ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux environ une heure après l’attaque, conclut le rapport.

« Il est clair que ces décès sont dus à une défaillance des contrôles de l’armée israélienne »

Outre la litanie des défaillances opérationnelles, le rapport de Mark Binskin juge que la réaction d’Israël a été « appropriée ». Deux officiers ont été rapidement démis de leurs fonctions et trois autres ont été réprimandés, selon le rapport. La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a exhorté Israël à présenter des excuses et a affirmé que son gouvernement continuera à faire pression pour que les responsables répondent pleinement de leurs actes, y compris par d’éventuelles inculpations au pénal.

« Je tiens d’abord à dire que la mort de Mme Frankcom et de ses collègues est inexcusable. Nous condamnons les frappes israéliennes qui ont causé leur mort. Zomi Frankcom et ses collègues ont été tués lors d’une frappe intentionnelle des Forces de défense israéliennes. Il est clair que ces décès sont dus à une défaillance des contrôles de l’armée israélienne, à des erreurs dans les prises de décision et d’identification, au non-respect des instructions du commandement supérieur et à la violation des procédures et des règles d’engagement des forces de défense israéliennes. Le gouvernement australien continuera à faire pression pour que les responsables répondent pleinement de leurs actes y compris en engageant les poursuites pénales qui s’imposent. Nous pensons que des excuses doivent être présentées », déclare la ministre.

« Le gouvernement australien persistera jusqu’à ce que les travailleurs humanitaires bénéficient d’une protection adéquate », a-t-elle déclaré aux journalistes. « La meilleure protection pour les travailleurs humanitaires et les civils, c’est un cessez-le-feu », a-t-elle ajouté.

B. M.