Après la France et l’Allemagne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a annoncé mardi 4 octobre vouloir sanctionner l’Iran pour le meurtre de Mahsa Amini et la répression dont font usage les forces de sécurité envers les manifestants.
L’Union européenne veut sanctionner par des « mesures restrictives » le « meurtre » de Mahsa Amini et la façon dont « les forces de sécurité iraniennes ont réagi aux manifestations », a annoncé mardi 4 octobre le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Au moins 92 personnes ont été tuées en Iran depuis le 16 septembre, selon l’ONG Iran Human Rights, basée à Oslo. Les autorités iraniennes avancent, elles, un bilan d’environ 60 morts, parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées.
« Avec les États membres, nous continuerons à examiner toutes les options à notre disposition, y compris des mesures restrictives », a déclaré Josep Borell devant les élus du Parlement européen réunis en session plénière à Strasbourg.
Un « assassinat »
« Mahsa Amini avait 22 ans. Elle visitait la capitale de son pays. La police des mœurs l’a arrêtée simplement à cause de son foulard et elle s’est ensuite retrouvée à l’hôpital où elle est morte peu après », a rappelé le responsable espagnol. « Après cela, après son décès, devrais-je dire son assassinat, nous avons vu une vague d’indignation se transformer en manifestations nationales en Iran », a-t-il ajouté.
Josep Borrell a déploré une réponse des forces de sécurité « disproportionnée ». Celle-ci « a provoqué la perte de dizaines de vies humaines et des arrestations ». « En Iran comme ailleurs, les gens ont le droit de manifester pacifiquement. C’est aussi simple que cela. Et il est clair que ce droit n’a pas été garanti », a encore accusé le chef de la diplomatie de l’UE.
Un gel des avoirs de certains dirigeants iraniens, voulu par la France
Plusieurs États membres réclament des sanctions de l’UE contre les responsables de la répression. La France travaille au sein de l’Union européenne à faire adopter le gel des avoirs et l’interdiction de voyager contre les responsables de la répression en Iran, a ainsi indiqué mardi 4 octobre la cheffe de la diplomatie française.
L’objectif est de « répondre à la répression en ciblant les responsables de celle-ci », a souligné Catherine Colonna devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement. « De telles mesures peuvent avoir un impact sur les décideurs du régime en Iran, alors qu’ils s’appliquent à réprimer d’un côté, et de l’autre, nombre d’entre eux envoient leurs enfants vivre en Occident. Il s’agit de geler leurs avoirs et de geler leurs droits de voyager », a-t-elle précisé.
« Des sanctions contre ceux qui battent les femmes à mort »
L’Allemagne a également réclamé des sanctions de l’UE contre l’Iran. « Au sein de l’UE, je fais tout mon possible pour mettre en place des sanctions contre ceux qui, en Iran, battent les femmes à mort et abattent les manifestants au nom de la religion », a écrit jeudi 29 septembre la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock sur Twitter.
L’UE a mis en place des mesures restrictives pour sanctionner les violations graves des droits de l’homme en Iran le 12 avril 2011. Des mesures supplémentaires ont été ajoutées le 23 mars 2012, notamment un embargo sur les équipements pouvant être utilisés pour la répression interne et sur les équipements pouvant être utilisés pour surveiller ou intercepter l’Internet et les communications téléphoniques sur les réseaux mobiles ou fixes. Ces sanctions sont en vigueur jusqu’en 2023.
Un nouveau train de sanctions pourrait être préparé pour la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE le 17 octobre. L’unanimité est nécessaire pour son adoption. Les États-Unis ont, de leur côté, déjà annoncé, sans les préciser, de nouvelles sanctions contre l’Iran.
M. B.