L’Algérienne Imane Khelif, qui combattait en moins de 66 kg face à la Chinoise Liu Yang pour l’or olympique ce vendredi 9 août, s’est imposée pour l’Histoire par décision unanime.
La boxeuse algérienne Imane Khelif espérait bien accrocher l’or à son cou. Cette victoire apporte un peu de légèreté à l’athlète qui, depuis le début des Jeux olympiques, a dû faire faire face aux critiques.
À son entrée sur le célèbre court Philippe-Chatrier, habitué aux joutes tennistiques, Khelif a été acclamée dans un vacarme retentissant, alors que son adversaire Yang Liu a été huée par une partie du public. Des cris de « Imane, Imane » ont ponctué les trois rounds du combat, au cours duquel l’Algérienne s’est montrée plus relâchée et tranchante.
Victime d’une campagne de haine
Depuis sa victoire par abandon en huitièmes de finale contre l’Italienne Angela Carini, le jeudi 1er août, elle a été accusée d’être un homme qui concourrait volontairement dans la mauvaise catégorie. Sur les réseaux sociaux, la boxeuse a été victime d’une campagne de haine, empreinte de racisme, la présentant comme un « homme combattant des femmes ». Les Algériens de tous bords se sont solidarisés avec elle, irrités par le fait que son père soit contraint de montrer son acte de naissance aux journalistes pour prouver que sa fille était née fille.
La polémique trouve son origine dans son exclusion en demi-finale des Mondiaux 2023 à New Delhi, car, selon la Fédération internationale de boxe (IBA), exclue du mouvement olympique il y a un an, elle avait échoué à un test destiné à établir son genre. La controverse a éclaté à Paris quand son adversaire en huitièmes, Angela Carini, a abandonné dès les premières secondes du combat. La Première ministre italienne Giorgia Meloni a même dénoncé « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ».
Le soutien du village
Avant le combat final de la boxeuse Imane Khelif, les habitants de son village pauvre et rural du sud-ouest de l’Algérie avaient décrété la mobilisation générale. Des centaines de personnes ont afflué dès les premières heures de la matinée vers Biban Mesbah, à 10 km de Tiaret, ville située à 300 km au sud-ouest d’Alger, pour aider à préparer le grand soir de la finale des moins de 66 kgs.
« Nous nous sommes mis d’accord pour donner un nouveau visage au village et lui insuffler une nouvelle vie, avec la victoire d’Imane Khelif », confiait à l’AFP son cousin Mounir Khelif, 36 ans. Car quoi qu’il arrive, Imane, 25 ans, décrochera une médaille pour l’Algérie. Un grand écran avait été installé dans le stade de la localité d’environ 3 000 habitants pour accueillir aussi les supporters venus des contrées aux alentours.
Imane Khelif a raconté que son père, au début, a eu du mal à accepter sa pratique de la boxe. « Je suis issue d’une famille conservatrice. La boxe n’était pas un sport très pratiqué par les femmes, surtout en Algérie. C’était difficile », a-t-elle déclaré à la télévision algérienne Canal Algérie, un mois avant les JO.
Soutenue à plusieurs reprises par le CIO, Khelif disputait ses deuxièmes JO après Tokyo en 2021, où elle s’était classée cinquième des -60 kg.
F. A.