samedi 19 avril 2025
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Khaled Benaïssa : « Il est temps de rêver le cinéma algérien autrement »

À l’occasion du Games & Comic Con Dzaïr by Chips Mahboul, organisé au Palais de la Culture, nous avons rencontré Khaled Benaïssa, comédien algérien de renom, connu pour ses rôles marquants dans des séries telles que TimouchaEl Fra9 / La Séparation ou encore El Barani. Curieux et passionné, il s’est prêté au jeu de l’échange dans l’ambiance haute en couleurs du salon. Entretien avec un artiste qui croit fermement au pouvoir de l’imaginaire.

Présentez-vous s’il vous plaît ?

Khaled Benaïssa, comédien algérien. Récemment, durant ce ramadan, j’ai joué dans Timoucha dans le rôle de Monsieur Amine, dans El Fra9 / La Séparation de Youssef Mahsas, et l’année dernière dans El Barani. Je présente, incha’Allah, cette année un nouveau film de Yacine Bouaziz, Poupiya.

Que venez-vous faire dans le cadre du Games & Comic Con by Chips Mahboul ?

J’ai été chaleureusement invité par l’événement. J’ai trouvé l’idée géniale ! Je ne suis pas un grand fan de jeux vidéo à la base, mais ça a piqué ma curiosité. Je suis conscient que l’industrie du loisir numérique est aujourd’hui immense, autant du point de vue des budgets que de la popularité.

C’est une source d’inspiration. Les jeux vidéo, depuis plusieurs années, ont énormément évolué sur le plan créatif. Ils nourrissent l’imaginaire et sont très proches du cinéma en termes de narration et de création de personnages. C’est un monde qui reflète notre époque.

Et concernant la pop culture plus largement ? Les comics, Marvel, Harry Potter, ou encore les classiques comme Tintin ou Astérix, ça vous parle ?

Personnellement, j’ai toujours été attiré par le cinéma d’auteur et réaliste, mais en tant qu’acteur, je me dois de rester curieux et ouvert. Être curieux, c’est aller vers ce qu’on ne connaît pas.

Je trouve cette opportunité très enrichissante. Certes, les grosses productions comme Marvel sont souvent critiquées dans le cinéma d’auteur, mais on ne peut ignorer leur puissance et leur influence sur le marché mondial. Je pense que le cinéma algérien a tout à gagner en devenant plus accessible et populaire.

Aujourd’hui, notre cinéma est reconnu pour être un cinéma de résistance, un cinéma d’urgence, un cinéma social. Mais il est aussi essentiel de réapprendre à rassembler les gens autour de films qui divertissent, qui font rêver.

Pensez-vous qu’il soit possible d’avoir en Algérie un cinéma basé sur la fantaisie, l’imaginaire, et des figures issues de notre culture populaire, à la manière des super-héros ou des grandes sagas ?

Ce n’est pas seulement possible, c’est souhaitable !

J’ai très envie qu’on adapte Djouha au cinéma. Super Maachou, c’est une évidence. On pourrait faire de la grosse comédie, du spectacle, et rassembler un public très large autour d’un cinéma algérien populaire et grand public.

Adapter des personnages étrangers ? Je ne pense pas que ce soit très pertinent. Mais produire localement nos propres figures de l’imaginaire algérien, c’est essentiel. Ça encouragera les producteurs et les institutions à faire ce pas vers le cinéma de genre, vers l’animation ou la fiction fantastique.

Je me souviens du film d’animation sur l’Émir Abdelkader, réalisé par Salem Brahimi — c’était très réussi. Ce genre d’initiatives peut vraiment apporter un souffle nouveau au cinéma algérien. J’ai d’ailleurs récemment participé au doublage d’un dessin animé algérien. J’ai adoré l’expérience ! Je suis totalement ouvert à ce genre de projets. Il y a tant de personnages, historiques ou fictifs, comme Djouha par exemple, qu’on pourrait mettre à l’écran dans des œuvres d’animation ou de fantasy.

Le cinéma populaire a bel et bien existé en Algérie, à une époque, avec des œuvres comme L’Inspecteur Tahar ou les films de Rouiched. Il est temps de renouer avec cette tradition.

Et si vous deviez choisir un personnage issu de l’imaginaire algérien que vous rêveriez d’incarner au cinéma ?

Sans hésitation : Djouha. Parce que j’aime beaucoup ce personnage, il incarne l’esprit, l’ironie, la sagesse populaire. Et je pense qu’il ferait un héros parfait dans une grande aventure cinématographique.

Yacine Tahari