Le président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi 20 décembre que la base française installée à Djibouti allait se « réinventer » comme « point de projection » pour des « missions » en Afrique, après le retrait forcé des forces françaises du Sahel.
« Notre rôle change en Afrique (..) parce que le monde change en Afrique, parce que les opinions publiques changent, parce que les gouvernements changent », a déclaré le chef de l’État devant les forces françaises stationnées à Djibouti, avant de partager un dîner de Noël avec elles.
« J’étais il y a quelques heures, comme vous le savez, aux côtés de nos compatriotes à Mayotte, j’ai vu la désolation, la détresse, le désarroi. L’État est immobilisé dans toutes ses composantes et je veux ici dire combien nos forces armées jouent un rôle essentiel. Ce sont près de 900 soldats qui sont aujourd’hui déployés, en plus évidemment de nos policiers, de nos gendarmes. Et cette présence, rassure, mais cette présence, elle aussi, change la vie, sécurise, stabilise. Et donc je le disais, oui, nos Outre-mer sont en train de changer, et vous jouez un rôle fondamental de la même manière. Je sais combien cela nourrit des interrogations légitimes ici, notre rôle changé en Afrique. Mais c’est ce que nous avons voulu parce que le monde change en Afrique, parce que les opinions publiques changent, parce que les gouvernements changent et parce que nous avons décidé de manière souveraine en février 2023, après plusieurs années de changement progressif, eh bien, de rebâtir un partenariat. Et donc c’est la force de nos armées de penser cela et de revenir sur des habitudes prises. Mais notre emprise évolue avec le monde et c’est une bonne chose. »
« Et parce que nous avons décidé de manière souveraine en février 2023, après plusieurs années de changement progressif, de rebâtir un partenariat qui repose sur des partenaires respectés », « vis-à-vis desquels nous devons aider à la formation, à l’équipement, en renseignement, pour des opérations spécifiques », a-t-il rappelé.
Il fallait « changer de la logique qui était la nôtre dans trop de pays de bases installées, pléthoriques, permanentes, qui nourrissaient des ambiguïtés », a-t-il poursuivi.
La France a déjà été contrainte d’évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023 après l’arrivée au pouvoir de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou.
Un premier contingent de 120 soldats français a aussi quitté vendredi 20 décembre le Tchad, a indiqué le ministère tchadien des Armées dans un communiqué publié sur Facebook. Le Tchad en avait formulé la demande le 29 novembre. Le Sénégal a également fait part de son souhait de voir la France fermer ses bases militaires, confirmant une réorganisation du dispositif français qui profite à l’influence russe.
Si Djibouti est avant tout tourné vers la stratégie Indo-Pacifique de la France, en contribuant à la liberté de navigation en mer Rouge, « c’est aussi, et ce sera d’ailleurs à réinventer, un point de projection pour certaines de nos missions africaines », a ajouté le chef de l’État sans plus de précisions. La base de Djibouti, qui accueille 1 500 militaires, est le plus gros contingent français à l’étranger et la seule à n’être pas concernée par la réduction de voilure historique prévue sur le continent africain, après une série de déconvenues dans le Sahel ces dernières années.
La France et Djibouti ont renouvelé en juillet leur traité de coopération en matière de défense (TCMD). Outre un loyer pour l’utilisation de la base, qui a fait l’objet d’âpres discussions, la France assure la police du ciel de Djibouti. Ilot de stabilité prisé dans une région troublée, Djibouti est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.
M. B.