La calligraphie arabe est « un art complet obéissant à des règles », au même titre que les autres arts, ont estimé, mercredi à Médéa, des spécialistes de la calligraphie arabe et de l’art islamique, lors de conférences organisées au 3e jour du festival international de calligraphie arabe.
Pratique artistique ancestrale, classée depuis plus d’une année comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, l’art de la calligraphie arabe a réussi à se perfectionner et à se développer, au cours des siècles, renforçant sa place parmi les autres arts connus, en restant attacher aux règles et normes qui le codifient et sans lesquelles il perdrait toute sa valeur artistique et sa symbolique, ont souligné des intervenants.
Le professeur au département des arts de l’université de Mostaganem, Rédha Djemai, a focalisé son intervention sur « la portée conceptuelle » d’une œuvre calligraphique dans les deux styles, à savoir le style classique, suivant les normes mises en place par les pionniers de cet art, et le style moderne ou l’artiste se permet quelques libertés par rapport aux règles codifiées, et la façon de construire l’œuvre en question sans s’éloigner des bases de la calligraphie.
Djemai estime qu’une œuvre « réussie » est une œuvre qui « capte l’attention du visiteur et permet, surtout, d’être facilement décryptée, aussi bien par le public que par l’œil avisé d’un spécialiste ou d’un critique d’art », ajoutant que le but de l’artiste est de « partager avec le public les choses exprimées de manière harmonieuse et gracieuse dans son œuvre ».
Pour le spécialiste de l’art islamique, Brahim Ait-Ziane, la calligraphie arabe est un art « codifié » et « stylisé » qui a « contribué à préserver la connaissance et la compréhension humaine des paroles divines et dont la pratique implique un respect stricte des proportions et des mesures connues de tous les calligraphes lors de la conception de la toile ».
« La réussite d’une œuvre dépend du respect de ces proportions qui sont les dimensions des différentes parties ou éléments de l’image représentée », explique Ait-Ziane, affirmant que la maitrise de ces proportions durant la phase de conception permet au calligraphe d’exceller dans son travail.
Le rapport entre la matière, en l’occurrence le papier, l’encre et le « Qalam », et l’œuvre en elle-même, a été développé par le professeur au département d’histoire des arts islamiques à l’université d’Istanbul (Turquie), le professeur Kassem Omar Nouh.
« Tout repose, selon ce spécialiste, sur le degré d’adresse du calligraphe à utiliser ces trois éléments pour réaliser une œuvre artistique », a-t-il dit, assurant que « tout est question de savoir-faire et de maitrise des techniques conçues par les maitres de cet art ».
L’artiste turc a conclu qu’« un bon usage de ces trois éléments réunis, associés au talent propre du calligraphe, est en mesure d’aboutir à une œuvre complète et harmonieuse ».