dimanche 22 décembre 2024
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La pièce « El Azeb » plaide la cause des personnes qui peinent à réaliser leurs rêves

La pièce de théâtre « El Azeb » (le célibataire), une comédie noire, aux contours métaphoriques et burlesques, sur les personnes qui peinent à réaliser leurs rêves faute d’un environnement favorable à leurs ambitions, est entrée, vendredi soir à Alger, en compétition du 15e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), devant un public nombreux.

Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle, dans lequel se sont invitées plusieurs autres disciplines artistiques (chants, danse, art plastique et poésie), au-delà de celles constituant les ateliers essentiels d’une pièce de théâtre, a été mis en scène par Moulay Meliani Mohamed Mourad sur un texte q’il a adapté de l’histoire « Azeb Haï El Mordjane », de la romancière algérienne, Rabiâ Djelti.

Ouvert sur plusieurs autres courants de théâtre, dont le psychodrame, la caricature et le vaudeville, le spectacle, d’une durée de 80 mn, dénonce les travers de la société, à travers l’histoire d’un instituteur qui vit une crise sociale multidimensionnelle des plus aigues et qui a, depuis dix ans déjà, laissé sa bien aimée a qui il avait promis le mariage, en suspens.

Sans logement, Zoubir souffre. Au-delà de toute la pression qu’il subit de par la noble fonction d’instituteur qu’il exerce, il n’arrive plus à arrondir ses fins de mois, une situation qui provoque la colère de Sakina, qui le sent de plus en plus distant par rapport à leur projet de vie en commun.

« Quoi de pire, que de briser une relation amoureuse entre deux êtres par des considérations irrecevables par l’entendement humain, liées au manque de moyens qui engendre un environnement hostile ? », s’est interrogé sur scène, un des comédiens dans une des situations vaudevillesques du spectacle.

Se délectant et riant aux larmes, le public a également apprécié la bande son de Mohamed Zami, ainsi que la série de clins d’œil, adressés par Moulay Meliani Mohamed Mourad, à l’endroit de grandes figures disparues, de l’art algérien et étranger, à l’instar de l’artiste-plasticien Mohamed Issiakhem, aux grands chanteurs, Blaoui El Houari et Hasni Chekroun, au dramaturge, Abdelkader Alloula ou encore, au comédien, Sirat Boumédienne et à l’actrice Marylin Monroe.

Œuvre de Yacine Saadi, la scénographie à l’éclairage judicieux et multicolore, aux nuances feutrée ou vive, ainsi qu’au décor fonctionnel qui a consisté en plusieurs façades amovibles de quartier, dont celle de la célèbre maison d’édition « Disco Maghreb », ont libéré des espaces de jeu aux comédiens qui ont été époustouflants d’énergie, dans un rythme ascendant aux dialogues qui ont repoussé les limites de la langue théâtrale, lui offrant de nouveaux espaces d’expression.

Houria Zaouch, Amina Belhoucine, Mustapha Meratia, Youcef Gouasmi, Sofiane Ahed et Amine Rara, ont brillamment porté la trame du spectacle, se donnant la réplique et occupant tous les espaces de la scène dans des figures chorégraphiques hautement esthétiques, conçues et travaillées avec minutie par Aissa Chouat, sous le regard bienveillant du metteur en scène.

« Après deux années de pandémie, durant lesquelles l’activité culturelle s’est complètement arrêtée, les gens avaient besoin de rire, d’où ce spectacle que j’ai délibérément conçu dans une forme qui présente une fresque visuelle qui rassemble plusieurs disciplines artistiques », a expliqué Moulay Meliani.

A l’issue de la représentation, les comédiens et leur encadrement artistique ont du prolonger leur salut final devant un public euphorique, qui ne s’est pas arrêté de les applaudir.

La pièce de théâtre « El Azeb » a été produite par le Théâtre régional d’Oran.

Ouvert le 23 décembre dernier, le 15e FNTP, accueille, jusqu’au 1er janvier 2023, treize spectacles en compétition programmés au TNA et une trentaine d’autres en off, dans les salles Ibn Khaldoun, Théâtre municipal d’Alger-Centre et Hadj-Omar au TNA.

Par ailleurs, des conférences, des ventes de livres en présence de leurs auteurs, des masters-class et des spectacles de rue, sont également au programme du festival.

M. B.