À l’unanimité, l’ensemble des députés ont voté, mercredi 1er février, un engagement pour permettre aux membres de cette minorité musulmane de la région du Xinjiang en Chine de trouver refuge en sol canadien. Cette mesure pourrait concerner les Ouïghours qui vivent dans des pays comme le Kirghizistan ou le Kazakhstan, la Turquie ou le Pakistan mais dont la vie reste menacée par le voisin chinois.
Le gouvernement soutient l’engagement pris par les parlementaires canadiens d’accueillir 10 000 Ouïghours. Le ministère de l’Immigration doit présenter bientôt un plan aux élus qui détaillera les modalités de leur accueil. C’est un député du parti au pouvoir, Sameer Zaberi, qui a convaincu ses collègues de la nécessité de venir en aide à cette minorité opprimée : « Nous avons entendu des témoignages profondément troublants des survivants de camps de concentration. Des femmes qui ont tellement souffert qu’elles ne parlent pas de ce qu’elles ont vécu à leurs proches. Ce que j’ai entendu, m’a plusieurs fois empêché de dormir. Nous savons que des enfants ont été enlevés de leur famille de façon permanente. »
« Le Canada a une tradition d’accueil »
« Qu’un million de personnes, certains disent même trois millions, vivent dans des camps de concentration et de travail forcé, voilà pourquoi je me suis dit que je devais essayer d’arrêter ça maintenant. Je devais faire tout mon possible pour y mettre fin. Heureusement, des membres de tous les partis partageaient le même point de vue. Et nous avons travaillé ensemble, quelle que soit notre formation politique, pour mettre fin à ce génocide », poursuit Sameer Zaberi.
« C’est sûr que cela va fonctionner, il n’y a aucune question à se poser. On l’a déjà fait dans le passé. Le Canada a une tradition d’accueil. Nous pouvons accomplir ce genre de choses, même si c’est difficile », conclut-il. Membre d’un comité qui défend les droits humains, Sameer Zaberi a souvent eu l’occasion d’entendre des témoignages d’Ouïghours persécutés par le gouvernement chinois. Arzu Bugra, qui vit à Montréal, n’a plus de nouvelles depuis cinq ans de sa famille restée en Chine. La jeune femme d’origine ouïghour raconte comment avec d’autres bénévoles, elle a convaincu les parlementaires d’agir.
« Travail forcé »
« On leur a écrit les nouvelles qui se passent dans les camps de concentration, sur le génocide ouïghour, sur le travail forcé, sur les femmes stérilisées de force, dit-elle. Et à un moment donné il y a des députés qui nous ont écrit. C’est comme ça qu’on a pu vraiment les contacter. Et les députés sont devenus de plus en plus actifs ». Les organisations canadiennes d’exilés ouïghours vont s’assurer que le gouvernement canadien tient bien ses promesses.
P. G.