dimanche 22 décembre 2024
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Le Hezbollah dit frapper Israël avec des missiles à longue portée, l’ONU parle d’une « catastrophe imminente »

Le front libano-israélien s’est embrasé ce dimanche avec des centaines de roquettes tirées par le Hezbollah sur le nord d’Israël et des dizaines de raids aériens israéliens menés au Liban. Trois personnes ont été tuées depuis ce matin dans le sud du Liban et plusieurs autres ont été blessées. La coordinatrice spéciale des Nations unies au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a prévenu que « la région est au bord d’une catastrophe imminente ».

Après les coups durs qu’il a reçus cette semaine, qui ont décimé le commandement de ses forces spéciales, le Hezbollah a riposté ce dimanche en introduisant sur le champ de bataille un nouveau type de missiles lourds de longue portée. Dans une série de communiqués, le parti d’Hassan Nasrallah a revendiqué le bombardement de la base aérienne militaire de Ramat David, à 20 kilomètres au sud-est de la grande ville d’Haïfa, dans le nord d’Israël. Il a aussi annoncé le pilonnage du siège de l’entreprise Rafael du complexe militaro-industriel israélien, au nord de cette même ville.

Le Hezbollah a tiré pour la première fois une centaine de missiles Fadi 1 et Fadi 2, d’une portée respective de 80 et 105 km, ainsi que des dizaines de roquettes katioucha. Le parti a élargi ses frappes à une profondeur de 55 km à l’intérieur du territoire israélien, en riposte à l’explosion de milliers d’appareils de communication utilisés par ses membres les 17 et 18 septembre, a-t-il précisé dans ses communiqués.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l’armée avait porté au Hezbollah libanais « une série de coups », après une nuit d’intenses échanges de tirs transfrontaliers qui ont poussé des centaines de milliers d’habitants du nord d’Israël à se réfugier dans des abris. « Si le Hezbollah n’a pas compris le message, je vous le promets, il le comprendra » a insisté Benyamin Netanyahu. L’aviation israélienne a de son côté intensifié ses frappes avant et après les tirs du Hezbollah. Dans le seul district de Nabatiyé, au sud du Liban, les avions et les drones ont mené une soixantaine de raids, et des dizaines d’autres dans la plaine orientale de la Bekaa.

Une pression grandissante

« Des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d’Israël », a déclaré le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée. « Il y a eu une alarme et immédiatement après une grande explosion, une très, très grande explosion », a raconté à l’AFP Achiya Itschaky, un habitant du village de Kiryat Bialik où les tirs ont incendié des maisons et des voitures. « C’est la guerre, ce n’est agréable pour personne », a ajouté Sharon Hacmishvili, un autre habitant du village.

La défense passive israélienne a ordonné la fermeture de toutes les écoles jusqu’à lundi 23 septembre au soir dans les régions du nord du pays, dont certaines sont situées jusqu’à 80 km de la frontière libanaise. Et les hôpitaux de cette région travaillent depuis le 22 septembre au matin en sous-sol, dans les parkings souterrains réaménagés en salles d’urgence et en blocs opératoires. Au total, un demi-million d’Israéliens se trouvent depuis la nuit dernière dans le polygone de tir du Hezbollah. Toutes les agglomérations au nord de la ville portuaire d’Haïfa sont désormais visées.

À ce stade, on dénombre plus de 150 tirs de roquettes en provenance du Liban. Et au moins un tir de missile de croisière en provenance de milices pro-iranienne en Irak. La grande majorité de ces projectiles ont été interceptés, indique l’armée israélienne. Mais on dénombre aussi plusieurs impacts directs, notamment à Kyriat Bialik, une banlieue au nord d’Haïfa. « À Haïfa, de nombreuses écoles sont fermées et les bureaux sont vides. Cela me rappelle le 7 octobre, quand tout le monde est resté à la maison », a témoigné à l’AFP Patrice Wolff, un habitant de cette ville. Des tirs qui n’ont fait aucun blessé côté israéliens. Ce dimanche, le gouvernement israélien est réuni pour décider de la marche à suivre. Si le Hezbollah n’a pas compris le message, proclame Benyamin Netanyahu, il ne va pas tarder à le faire.

« Nous subissons une pression grandissante du Hezbollah et inversement. À Haïfa, de nombreuses écoles sont fermées et les bureaux sont vides. Cela me rappelle le 7 octobre, quand tout le monde est resté à la maison », a témoigné à l’AFP Patrice Wolff, un habitant de cette ville du nord d’Israël.

Les échanges de tirs se sont multipliés depuis la vague d’explosions spectaculaires des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, qui a fait 39 morts et 2 931 blessés dans les bastions du mouvement au Liban, selon les autorités du pays. Israël n’a jamais commenté ces attaques. Puis vendredi 20 septembre, une frappe israélienne sur un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth a porté un nouveau coup de massue au Hezbollah, décapitant sa force d’élite, l’unité Radwan, dont 16 membres ont été tués. Parmi eux se trouvaient Ibrahim Aqil, le chef de l’unité, et Ahmed Mahmoud Wahbi, chargé d’opérations militaires jusqu’au début de cette année. La frappe a fait 45 morts au total, dont des civils, selon les autorités libanaises.

«La région est au bord d’une catastrophe imminente»

« Alors que la région est au bord d’une catastrophe imminente, nous ne pouvons pas le dire assez : il n’y a pas de solution militaire pour rendre l’un ou l’autre côté plus sûr », a averti ce dimanche 22 septembre la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert. En Irak, des groupes armés pro-iraniens ont revendiqué dimanche des tirs de drone vers Israël, qui a de son côté annoncé avoir intercepté « plusieurs objets volants suspects » venus d’Irak. L’escalade à la frontière israélo-libanaise a poussé le Premier ministre libanais Najib Mikati à annuler son déplacement à l’ONU à New York en appelant « à la fin des terribles massacres israéliens ».

Après l’échec de toutes les tentatives de médiation pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, Israël avait informé le 17 septembre dernier qu’il étendait ses objectifs de guerre jusqu’au front nord, c’est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d’habitants déplacés par les violences. Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien. L’Égypte redoute, pour sa part, une guerre régionale totale au Moyen-Orient, selon des déclarations de son ministre des Affaires étrangères à l’AFP. Selon lui, l’escalade entre le Liban et Israël sape les efforts pour une trêve à Gaza.

« Nos objectifs sont clairs et nos actions parlent d’elles-mêmes », a déclaré, après la frappe du 20 septembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. La veille, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti que « le front du Liban avec Israël resterait ouvert jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ». Ce 22 septembre, le Hezbollah affirme lui annonce « une nouvelle phase » dans la bataille contre Israël et être prêt à tous « les scénarios militaires ».

Au niveau international, les appels à la retenue se sont multipliés, d’abord en provenance de Washington. « Une escalade n’est pas dans l’intérêt d’Israël », selon la Maison-Blanche. L’Union européenne se dit « extrêmement » inquiète du risque d’escalade au Liban et réclame un cessez-le-feu. Londres lance un appel similaire face à une « escalade inquiétante » entre Israël et Hezbollah. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’inquiétant, lui, que le Liban devienne un « autre Gaza ».

M. B.