Le pape François a conclu samedi 23 septembre par une messe géante au stade Vélodrome de Marseille une visite de deux jours largement dominée par la dénonciation du sort réservé aux migrants.
« J’irai à Marseille, mais pas en France », avait expliqué en août le pape François, dans l’avion qui le ramenait des Journées mondiales de la jeunesse. Une façon de faire comprendre que sa venue dans la cité phocéenne n’était pas une visite d’État. « Bonjour Marseille, bonjour la France », a-t-il néanmoins lancé ce samedi après-midi devant près de 60 000 personnes venues assister à la messe au stade Vélodrome, en présence du président Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte.
Sous un grand soleil, le chef de l’Église catholique a été acclamé en faisant en papamobile le tour de la pelouse de l’antre de l’Olympique de Marseille, emblématique club de football de la ville. Dans son homélie, il a dénoncé le « tragique rejet de la vie humaine, qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent », martelant une dernière fois ce message d’accueil des migrants qui a scandé son séjour de moins de 48 heures dans ce grand port de la Méditerranée, à l’histoire et à la population façonnées par les migrations.
« C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées. »
Dans la matinée, il avait clôturé par un long discours les Rencontres méditerranéennes qui ont rassemblé pendant une semaine 70 évêques et jeunes du pourtour de cette mer marquée par la présence des trois grandes religions monothéistes. Le visage moins fermé, la voix plus claire et plus dynamique qu’à son arrivée, le pape François avait déclaré que la Méditerranée, qui concentre les défis du monde entier – climatiques, culturels et économiques –, pouvait être un laboratoire de la paix.
Comme la veille, le pape a évoqué les extrémismes, les nationalismes archaïques et belliqueux qui font disparaître le rêve de la communauté des nations, et a dénoncé une nouvelle fois ceux qui abandonnent les migrants aux dangers de la mer. « Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité », a-t-il lancé, estimant que ce processus doit être géré « avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives ».
Tête-à-tête avec Emmanuel Macron
Après avoir loué vendredi ceux qui secourent les migrants en mer, lors d’une cérémonie à l’emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde, il a reçu ce samedi en audience des responsables de l’ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, qui affrète un bateau de secours. En fin de matinée, le pape s’est entretenu pendant une demi-heure avec Emmanuel Macron, dont le gouvernement doit prochainement présenter une nouvelle loi sur l’immigration, où la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers fait débat.
Le pape a aussi évoqué indirectement la loi attendue en France sur la fin de vie, mettant en garde contre la « perspective faussement digne d’une mort douce ». Selon la présidence française, les deux hommes ont notamment évoqué ces deux sujets lors de leur entretien, avec « une vraie volonté conjointe de lutter » contre les passeurs « et d’apporter des solutions humaines ». Par contre, ils ne sont pas entrés dans le détail du texte sur la fin de vie, qui pourrait aller jusqu’à inclure une « aide active à mourir ».
Ce voyage, le premier d’un souverain pontife à Marseille en près de 500 ans, semble avoir suscité un engouement moins fort qu’attendu, notamment sur le parcours en papamobile en route pour la messe, où la foule semblait nettement moindre que les 100 000 personnes attendues, même si aucun chiffre officiel ne sera disponible. Ovationné par une foule debout, le pape a conclu la messe en la cathédrale du Vélodrome en appelant, en français, à lui apporter du soutien. « N’oubliez pas de prier pour moi, c’est un travail pas facile », a-t-il lancé, après avoir évoqué, en italien, les 86 victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice.
M. B.