Le Saint-Siège a annoncé le jeudi 23 février l’établissement de relations diplomatiques avec le sultanat d’Oman, une première dans les liens entre l’Église catholique et cette pétromonarchie sunnite du Golfe où l’islam est religion d’État.
Le Saint-Siège et le sultanat d’Oman « ont décidé d’établir, sur la base de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961, de pleines relations diplomatiques au niveau d’une nonciature apostolique auprès du Sultanat d’Oman et d’une ambassade près le Saint-Siège », a annoncé le Vatican dans un communiqué. Les deux États précisent que, par l’établissement de ces relations, ils sont « désireux de promouvoir la compréhension mutuelle et de renforcer davantage l’amitié et la coopération ».
Situé dans la partie sud-est de la péninsule arabique, Oman, pays riche en hydrocarbures entouré par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Yémen, compte environ 4,5 millions d’habitants, parmi lesquels de nombreux travailleurs étrangers.
Le projet d’ouvrir des ambassades communes au Sultanat d’Oman et au Vatican avait été annoncé au mois de novembre dernier après un échange téléphonique entre le ministre omanais des Affaires étrangères et le chef de la diplomatie du Vatican. Mais les bonnes relations ont déjà plusieurs années, rappelle notre correspondant au Vatican. En 2017, la libération d’un prêtre indien enlevé un an plus tôt au Yémen avait pu se faire grâce à la médiation du sultan de l’époque, un effort salué à Rome.
Un rapprochement du Saint-Siège avec les pays du Golfe
Oman, dont la législation est basée sur la charia, devient ainsi l’un des 184 États ayant des relations diplomatiques officielles avec le Saint-Siège, qui n’entretient pas de liens diplomatiques, en revanche avec l’Arabie saoudite, l’Afghanistan ou encore la Corée du Nord.
Le pays compte quatre paroisses catholiques et 12 prêtres, a précisé le Vatican dans son communiqué. Le Vatican espère que ce rapprochement pourra permettre à l’Église catholique locale, forte de 140 000 membres, de « continuer à contribuer au bien-être social du Sultanat ».
L’établissement de ces relations diplomatiques confirme la volonté du Saint-Siège de parler avec les pays du Golfe. Le Pape François s’était rendu aux Émirats arabes unis en 2019 et à Bahreïn en 2022 pour y délivrer des messages de dialogue et de fraternité. Région de naissance de l’islam, le Golfe compte quelque 3,5 millions de chrétiens, dont environ 75% sont catholiques, pour la plupart des travailleurs migrants originaires des Philippines et d’Inde. Le Koweït a été le premier pays de la région à formaliser ses relations avec le Vatican en 1968. Le Yémen a fait de même en 1998, Bahreïn en 2000, le Qatar en 2002 et les Émirats arabes unis en 2007.
Oman représente par ailleurs une position d’équilibre entre les deux puissances rivales que sont l’Arabie Saoudite et l’Iran.
M. B.