mardi 29 avril 2025
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Les Émirats arabes unis en route vers la Lune

Un rover devrait alunir ce mardi. L’État pétrolier veut se faire une place parmi les puissances spatiales.

Un petit pas pour Rashid, mais un grand pas pour Abou Dhabi. Ce mardi 25 avril, ce petit rover de 10 kg doit se poser sur la Lune. Si l’alunissage réussit, les Émirats arabes unis seraient le quatrième pays à se poser sur notre satellite. Une démonstration de force pour cette monarchie pétrolière de moins de 10 millions d’habitants. Si cette mission a pour objectif officiel d’analyser le sol lunaire, elle reste un prétexte scientifique pour bon nombre d’observateurs.

« Se poser sur la Lune n’a rien de révolutionnaire, analyse Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales. Il y a une dimension de prestige et une volonté d’être le pays arabe le plus avancé dans la conquête spatiale. »

Créée en 2014, l’agence spatiale émiratie a été imaginée comme un outil de soft power. L’État du Golfe débourse chaque année une somme estimée à 5 milliards d’euros. À titre de comparaison, le Centre national d’études spatiales (Cnes) annonçait pour 2022 un budget ne dépassant pas les 2,5 milliards d’euros. En ligne de mire, le projet pharaonique d’une ville scientifique sur Mars en 2117. Les Émirats arabes unis ont déjà accéléré leur programme spatial en enchaînant les missions symboliques sur ces cinq dernières années.

En septembre 2019, Hazza Al Mansouri devient le premier astronaute émirati à entrer dans la Station spatiale internationale. Après un bref voyage de huit jours, l’astronaute est accueilli en héros à son retour au pays. Même enthousiasme après le lance- ment du satellite Hope autour de Mars en juillet 2020. Depuis sa mise en orbite, chacune de ses découvertes fait la une des médias émiratis.

Un soutien français, japonais et américain

La mission Rashid a elle aussi droit aux honneurs. « Atteindre la Lune est une étape importante dans notre ambitieuse marche vers le progrès pour notre nation et son peuple, qui ne connaissent aucune limite, déclarait l’émir de Dubaï, Mohammed ben Rashid Al Maktoum, lors du lancement de la mission. Et notre prochaine étape sera plus grande et plus élevée. »

Pour rivaliser avec les plus grandes nations spatiales, les Émirats arabes unis ont encore du chemin. « Ces nouveaux acteurs sont des start-up, résume Francis Rocard, responsable du programme d’exploration du système solaire au Cnes. Il faut qu’ils apprennent encore. »

Jean-Loup Samaan confirme : « Le pays n’a pas de base industrielle pour un développement autonome. Les atouts des Émirats sont avant tout financiers. » Pour atteindre la

Lune, le rover émirati a été embarqué sur un atterrisseur japonais Hakuto-R, lui-même lancé dans une fusée américaine SpaceX. À bord de cet engin roulant, les trois caméras en charge de l’analyse des sols lunaires ont été développées par les ingénieurs français du Cnes.

Outre la mission Rashid, on peut également citer l’annonce, en septembre 2022, de la coopération entre la Chine et l’État du Golfe pour la prochaine virée sur la Lune d’un rover émirati. En 2026, la mission chinoise Chang’e 7 embarquera à son bord Rashid 2. Une nouvelle occasion de briller sur la scène spatiale internationale.

P.-L. T