Un expert de l’ONU s’est inquiété de l’intensification des frappes israéliennes en Syrie, qui ont fait deux morts jeudi.
« Tous les ingrédients » sont réunis pour une « tempête » en Syrie. Alors qu’Israël mène une guerre contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, la communauté internationale exprime ses craintes face à un embrasement du conflit au Proche-Orient qui pourrait s’étendre. Au petit matin jeudi, des frappes israéliennes ont tué une personne à Damas et fait un mort près de Homs, ville syrienne qui jouxte le Liban.
« L’ennemi israélien a lancé une attaque aérienne depuis le Golan syrien occupé et depuis le nord du Liban qui a visé deux sites dans le quartier de Kafar Souseh à Damas et un site militaire près de Homs », a indiqué jeudi l’agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire. À Homs, « un soldat » a été tué et « sept autres blessés ». À Damas, une personne « dont l’identité est inconnue » a été tuée et trois autres ont été blessées, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Les civils, premiers « à payer le prix » d’un nouveau front en Syrie
Ces frappes de Tsahal en Syrie surviennent au lendemain d’un discours de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, qui s’est inquiété de la campagne militaire israélienne la « plus large » sur le territoire syrien depuis 13 ans.
Israël a en effet intensifié ses raids sur la Syrie en même temps que son escalade au Liban fin septembre. L’État hébreu assure viser les bastions du Hezbollah, qu’il accuse d’acheminer des armes depuis la Syrie. Il cherche donc essentiellement à affaiblir le mouvement pro-iranien. Et ce n’est pas donc le régime syrien de Bachar al-Assad qui est, pour l’heure, visé par Israël.
Il n’empêche que la guerre israélienne contre le Hamas et le Hezbollah a de terribles conséquences sur la Syrie. « L’escalade a déjà un impact majeur sur la Syrie et les civils syriens. Je veux lancer un signal d’alarme clair : un débordement régional en Syrie est alarmant et pourrait devenir bien pire, avec des implications graves pour la Syrie et la sécurité et la paix internationales », a déclaré à cet égard Geir Pedersen devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
« Les populations civiles seraient les premières à payer le prix de l’ouverture d’un nouveau front » en Syrie, a pour sa part affirmé Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, dans une intervention également devant le Conseil de sécurité. Avant de poursuivre : « Plus de 400 000 personnes, Syriens et Libanais, ont fui les opérations militaires israéliennes au Liban pour se rendre en Syrie. Il faut leur venir en aide. » Il a enfin rappelé que « 70 % de la population se trouve en situation d’urgence » dans ce pays du Levant.
Accords de cessez-le-feu en danger
La Syrie est aussi prise en étau dans le conflit entre la Turquie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Après un attentat survenu près d’Ankara mercredi après-midi, l’armée turque a mené des raids contre des positions du PKK en Syrie et dans le nord de l’Irak. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état ce vendredi de 27 civils tués dans le nord et l’est de la Syrie parmi lesquels des enfants.
« L’escalade régionale semble également être un catalyseur pour le conflit dans le nord-ouest de la Syrie de manière dangereuse », a poursuivi Geir Pedersen, évoquant une attaque importante du groupe rebelle djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) dans une zone contrôlée par le gouvernement, ainsi que la reprise de frappes russes après des mois d’interruption et une activité renforcée des forces pro-gouvernementales.
Ce contexte représente une menace pour les accords de cessez-le-feu qui ont « même de façon imparfaite, permis un gel vital des lignes de fronts à l’intérieur de la Syrie depuis presque quatre ans », a encore mis en garde l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.
Déclenchée en 2011 après la répression de manifestations antigouvernementales, la guerre en Syrie a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes. Un cessez-le-feu négocié par la Russie et la Turquie a été décrété dans le nord syrien après une offensive du régime en mars 2020. Mais il est régulièrement violé.
M. B.