Jamais sacré, le richissime club anglais Manchester City, avec l’ogre Erling Haaland et le génial Pep Guardiola, tutoie son rêve de Ligue des champions en finale, samedi (19h TU), mais l’Inter Milan n’a pas « peur » et espère un nouveau « miracle » à Istanbul.
Les Italiens, finalistes surprise, s’avancent vers le stade olympique Atatürk (72 000 places) avec au-dessus d’eux l’ombre imposante des Sky Blues, grandissimes favoris avec leur géant d’attaque, leur entraîneur à succès et leur fortuné propriétaire émirati.
Au football, comme dans les contes de fée, toutefois, il arrive que le Petit Poucet triomphe. Manchester City connaît l’histoire et n’entend pas répéter les mêmes erreurs que lors de sa première et dernière finale, perdue contre Chelsea en 2021. « Quel privilège de faire deux finales en trois ans, c’est incroyable, mais au final, il faut gagner la Ligue des champions pour prouver ce qu’on vaut », a résumé Guardiola, sevré de C1 depuis les titres de 2009 et 2011 acquis sur le banc du FC Barcelone.
Le temps devient long pour le Catalan comme pour le cheikh Mansour, membre de la famille royale émiratie et repreneur du club en 2008. Son Abu Dhabi United Group contrôle le club dominant en Angleterre, vainqueur de sept des douze dernières Premier League et champion du monde des revenus (731M EUR la saison dernière selon le cabinet Deloitte), mais il attend toujours de devenir le premier propriétaire-Etat à soulever la Coupe aux grandes oreilles.
Celle-ci appartient encore pour quelques heures au Real Madrid, le tenant du titre, que Manchester City a concassé méthodiquement en demi-finale retour (4-0) à l’Etihad Stadium.
Quête de triplé
Trois semaines après ce chef-d’œuvre collectif, le défenseur ou milieu John Stones se méfie toutefois de l’étiquette de favoris qui leur colle à la peau. En Coupe d’Angleterre, par exemple, « il y a des tueurs de géants, des petites équipes de troisième ou quatrième divisions qui battent des champions de Premier League ou d’autres, et c’est là que l’humilité, le respect que chaque équipe mérite, et la qualité des joueurs qu’elle possède, se manifestent ».
Les Citizens ont pour l’heure réalisé un sans-faute cette saison, coiffant Arsenal au poteau en championnat et raflant la FA Cup au nez et à la barbe de Manchester United. Ils visent désormais le « Treble » (« triplé » en anglais) que les Red Devils, leurs voisins et rivaux, ont réussi en 1999.
Ils ont un redoutable atout dans la manche avec Erling Haaland, épouvantail des défenses avec ses 52 buts inscrits depuis son arrivée, l’été dernier, en provenance de Dortmund.
Alessandro Bastoni, l’un des trois défenseurs centraux chargés de surveiller le géant norvégien (1,94m), assure ne pas trembler. « On a peur des assassins, pas des footballeurs. Ce serait une erreur de parler de peur ».
Les Nerazzurri, troisièmes de Serie A, ne sont pas non plus dépourvus de gâchettes offensives avec Edin Dzeko ou Romelu Lukaku pour accompagner le « Toro » argentin Lautaro Martinez, tout frais champion du monde. Ils comptent aussi des latéraux dangereux, un milieu de terrain au fort pressing et un jeu direct vers l’avant.
Le club aux trois titres européens (1964, 1965, 2010) a certes bénéficié d’un tableau plus accessible que son adversaire, mais il a su garder les nerfs solides dans le derby des demies (victoires 2-0 puis 1-0) contre l’AC Milan, notamment. « Nous sommes un grand club et nous avons beaucoup d’attentes. Quand l’Inter se retrouve en finale, il doit gagner. Si vous regardez de cette façon, nous ne sommes pas l’outsider parce que l’histoire parle pour nous. Nous sommes tous de grands joueurs, nous savons comment jouer les finales », a lancé André Onana.
Le gardien camerounais rêve tout haut avant d’entrer dans le stade olympique Atatürk, resté célèbre pour la légendaire finale de 2005 remportée par Liverpool aux tirs au but, après avoir été mené 3-0 à la mi-temps par l’AC Milan. Les Reds ont montré la voie, l’Inter veut aussi son « miracle d’Istanbul ».
L’arbitre polonais Szymon Marciniak et le meeting qui a failli lui coûter sa place
Il y a quelques semaines, Szymon Marciniak a donné une conférence dans un meeting organisé par un parti d’extrême droite, ce qui aurait pu lui coûter sa place.
Les idéaux de l’extrême droite polonaise auraient fait tache aux côtés du traditionnel message diffusé pendant les matchs de Ligue des Champions : « say no To racism », dites non au racisme.
Parce que Sławomir Mentzen, qui organisait cette réunion, est à la tête du parti d’extrême droite Nouvel Espoir, eurosceptique et monarchiste, et est connue pour avoir publiquement dit qu’il était « contre les juifs, les homosexuels, l’avortement, la fiscalité et l’Union européenne. »
Loin du message d’unité que tente de diffuser la compétition.
Alors l’UEFA, le patron du football européen, a enquêté. Et sans qu’elle ait besoin d’utiliser l’arbitrage vidéo, l’arbitre polonais s’est excusé pour cette conférence. Il s’est dit trompé, qu’il n’était pas au courant qu’elle était organisée par l’extrême droite polonaise. Il a rajouté qu’il soutenait sans cesse les valeurs de l’UEFA, en particulier l’inclusivité et le respect.
Excuses acceptées pour les instances du football européen. Marciniak ne mérite pas de carton rouge pour sa conférence. Il sifflera donc bien le début de la rencontre ce samedi.
En revanche, c’est un échec pour le parti d’extrême droite polonais. Il voulait capitaliser sur l’aura de celui qui avait déjà arbitré la finale de la Coupe du monde l’hiver dernier pour gagner des soutiens à quelques mois des élections. Il n’y a peu de chance de les revoir côte à côte.
M. B.