mardi 25 mars 2025
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Limogeage du chef du Shin Bet : l’opposition veut une grève générale en Israël si Netanyahu va contre la justice

Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a appelé samedi 22 mars à une grève générale si le Premier ministre Benyamin Netanyahu refuse de tenir compte de l’avis de la Cour suprême gelant la décision du gouvernement de renvoyer le chef du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure.

« Si le gouvernement du 7-Octobre décide de ne pas obéir à la décision de la Cour, il deviendra ce jour-là un gouvernement hors-la-loi », a déclaré Yaïr Lapid devant plusieurs milliers de manifestants à Tel-Aviv. « Si cela arrive, le pays entier doit s’arrêter » a-t-il lancé, soulignant que « le seul système qui ne doit pas s’arrêter est le système de sécurité ».

« L’économie doit se mettre en grève, le Parlement doit se mettre en grève, les tribunaux doivent se mettre en grève, les autorités doivent se mettre en grève, et pas seulement les universités, mais aussi les écoles », a-t-il affirmé. Il s’exprimait lors d’un rassemblement antigouvernemental devant le Théâtre national, au centre de Tel-Aviv.

Signe d’une convergence des mécontentements, des manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits « Plus de sang versé » ou « Stoppez la guerre, Maintenant » pour assurer le retour de la soixantaine d’otages encore détenus dans la bande de Gaza, au milieu d’une nuée de drapeaux israéliens.

Un message vidéo de Netanyahu en forme de défi à la Cour suprême

La Cour suprême d’Israël a suspendu vendredi la décision inédite du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, dont l’annonce de la révocation a ravivé les profondes divisions de la société. Elle veut examiner, d’ici au 8 avril, cinq recours contre la décision annoncée par l’exécutif. Mais Benyamin Netanyahu a persisté samedi soir. « Ronen Bar ne restera pas à la tête du Shin Bet, il n’y aura pas de guerre civile, et Israël restera un État démocratique », a-t-il affirmé dans un message vidéo en forme de défi à la Cour suprême.

L’un des recours émane du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid, qui dénonce une « décision prise en raison d’un conflit d’intérêts flagrant du Premier ministre ». Le recours met en avant les deux éléments qui, selon les requérants, ont poussé Benyamin Netanyahu à limoger Ronen Bar : l’affaire nommée « Qatargate » par les médias dans laquelle des proches du Premier ministre sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin en provenance du Qatar et la mise en cause de l’exécutif dans le fiasco sécuritaire du 7 octobre 2023, jour le plus meurtrier de l’histoire d’Israël.

Une partie des Israéliens dénonce une dérive autocratique

Une partie des Israéliens dénoncent ce qu’ils considèrent comme une dérive autocratique du Premier ministre. Et après le limogeage du chef du Shin Bet, c’est maintenant le tour de la procureure de l’État qui cumule les fonctions de conseillère juridique du gouvernement.

Le Conseil des ministres va entamer dimanche une procédure de révocation de Gali Baharav-Miara. Cette dernière, qui joue aussi le rôle de conseillère juridique du gouvernement, a averti Benyamin Netanyahu que la décision de la Cour suprême lui « interdit » temporairement de nommer un nouveau chef du Shin Bet. Mais pour le politologue Menachem Klein, ce ne sera pas chose aisée. « Netanyahu ne destitue pas à ce stade la procureure de l’État. Il l’éloigne tout simplement de toute influence et espère qu’elle va démissionner. Mais je ne crois pas qu’il ait l’audace de franchir le pas pour la limoger. Cela ne signifie pas que cela ne se produira pas par la suite », explique-t-il.

Une procédure qui est un danger sans précédent pour le pays, affirment les présidents des universités israéliennes qui rappellent que la procureure est la gardienne des droits civiques et individuels des habitants du pays. Une manifestation contre la destitution de la procureure générale est prévue dimanche devant la Knesset, le Parlement israélien, et près de la résidence privée du Premier ministre à Jérusalem.

M. B.