L’armée russe continue sa vague de frappes visant des infrastructures critiques et énergétiques en Ukraine. Mardi 11 octobre, les bombardements ont épargné Kiev, mais plusieurs centrales électriques et thermiques ont été touchées. C’était le cas dans la région de Lviv ou encore de Vinnytsia, où les services techniques s’efforcent de remettre en état au plus vite les installations. Une course contre-la-montre, alors que les dégâts s’accumulent et que la saison du chauffage va bientôt commencer.
Les Ukrainiens font le dos rond, maisles coups portés par la Russie sont rudes. Selon le ministre de l’Énergie, Herman Haluschchenko, l’armée russe a bombardé, depuis lundi 10 octobre, 30% des infrastructures énergétiques ukrainiennes, principalement des centrales électriques, alimentées au charbon. Celles-ci sont d’une importance primordiale, alors que le chauffage collectif en Ukraine doit être activé autour du 15 octobre pour toute la saison hivernale.
Les autorités ukrainiennes ont demandé aux habitants de réduire leur consommation en énergie, alors que dans la capitale, Kiev, plusieurs quartiers connaissent des coupures d’électricité et d’eau durant de longues plages horaires.
Hiver à l’ancienne
Par anticipation, le prix du bois et des granulés de bois de chauffage a fortement augmenté ces dernières semaines, tandis que l’on observe une pénurie de générateurs électriques diesel dans le commerce.
« Au moins 12 installations énergétiques, dans huit régions différentes, ont été visées. Des installations qui peuvent être cruciales pour la survie de la population ukrainienne, alors que les températures commencent à chuter et qu’on s’approche de l’hiver (…) C’est juste intolérable. Viser, directement, des infrastructures civiles, c’est un crime de guerre. »
Pour le moment dans le centre-ville de Kiev, les habitants ne vivent pas trop mal les coupures d’électricité, la situation est relativement bonne au niveau d’internet, de l’électricité dans le centre-ville. Mais dès que vous vous éloignez en bout de réseau, en banlieue, la situation devient beaucoup plus difficile. Hier soir, par exemple, dans le quartier où j’habite, l’électricité n’a été rétablie qu’à environ une heure de matin et beaucoup d’habitants ont été contraints d’utiliser des générateurs électriques pour ceux qui en possèdent, ou bien des bougies pour s’éclairer.
La situation est beaucoup plus difficile dans les petites villes ou les villes de province où le réseau est beaucoup plus fragile, il y a plusieurs villes, notamment dans l’ouest de l’Ukraine qui ont été totalement coupées d’électricité hier. La réaction des Ukrainiens est que désormais il faut trouver des stratégies personnelles, individuelles pour passer le début de l’hiver. Le chauffage collectif va être rétabli en Ukraine dans quelques jours, les températures sont en train de baisser. Beaucoup d’Ukrainiens sont à la recherche de générateurs, on fait le plein de chargeurs pour les téléphones portables, tout le monde se prépare véritablement à un automne voire à un hiver difficile.
Mais pour le gouvernement, le meilleur moyen de mettre fin à la crise serait que la communauté internationale fournisse des systèmes de défense aériens. Ils permettraient d’empêcher que la Russie ne détruise systématiquement tout le système énergétique. L’Ukraine a d’ailleurs reçu son premier système de défense anti-aérienne Iris-T livré par l’Allemagne, a annoncé le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, dans un tweet publié mardi soir.
Stéphane Siohan in RFI