Les Vingt-Sept ont trouvé ce vendredi 2 décembre un accord sur le plafonnement à 60 dollars par baril du prix du pétrole russe, outil conçu par les occidentaux pour priver Moscou des moyens de financer sa guerre en Ukraine.
L’accord, qui avait été ficelé jeudi par les ambassadeurs des pays membres de l’UE, coordonnés sur ce dossier avec leurs alliés du G7, notamment les Américains et les Britanniques, ainsi que l’Australie, restait suspendu à la décision de Varsovie, qui a donné son feu vert vendredi soir. « Nous pouvons officiellement approuver cette décision », a déclaré à Bruxelles Andrzej Sados, ambassadeur de la Pologne auprès de l’Union européenne. « L’UE reste unie et est solidaire avec l’Ukraine », s’est félicitée de son côté la présidence tchèque du Conseil de l’UE dans un tweet, précisant que la décision entrerait en vigueur dès sa publication au Journal officiel.
Le dispositif de l’UE doit interdire aux entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance…) du pétrole russe au-delà du plafond de 60 dollars, afin de limiter les recettes tirées par Moscou de ses livraisons à des pays comme la Chine ou l’Inde. L’instrument doit renforcer l’efficacité de l’embargo européen qui intervient plusieurs mois après celui déjà décidé par les États-Unis et le Canada.
Un seuil plus restrictif
Avec ce seuil de 60 dollars le baril, le dispositif européen est encore plus restrictif que l’idée de départ, celle du G7, qui proposait cinq à dix dollars de plus, rapporte notre correspondant à Bruxelles. C’est donc un manque à gagner supplémentaire que l’UE escompte infliger à la Russie, tout en imposant un seuil qui reste supérieur au coût de production. C’est le moyen que les Européens ont trouvé pour ne pas être accusés de créer une situation de pénurie. Ils espèrent que la Russie sera toujours désireuse d’exporter son pétrole puisqu’il y aura toujours une marge bénéficiaire, mais dans le même temps, ils rognent sur cette marge.
Les 30 dollars proposés par la Pologne ont été écartés pour ne pas créer de pénurie mondiale, mais Varsovie a tout de même obtenu un mécanisme à double détente : au cas où le cours du pétrole brut chuterait en dessous de 60 dollars, un nouveau seuil européen serait fixé 5% en dessous du cours.
Les pays hors UE qui voudront acheter du pétrole russe devront prouver qu’ils l’achètent à 60 dollars, sinon, les pétroliers européens et les assureurs maritimes européens seront contraints de refuser de transporter leurs cargaisons. À l’heure actuelle, les pays du G7 fournissent les prestations d’assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l’UE est un acteur majeur du fret maritime, d’où un pouvoir de dissuasion crédible, mais aussi un risque de perdre des marchés au profit de concurrents.
M. B.