jeudi 17 octobre 2024
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This handout picture taken and released on November 26, 2021 by Vatican Media shows Pope Francis (L) posing with French President Emmanuel Macron (R) before their meeting at the Vatican. (Photo by VATICAN MEDIA / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / VATICAN MEDIA" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS

Macron à Rome pour voir le pape… et Giorgia Meloni ?

En visite dimanche et lundi, le président français sera reçu par François. Mais, samedi soir, rien n’était encore prévu quant à une éventuelle rencontre avec la nouvelle Première ministre italienne.

À L’ORIGINE, ce devait être un voyage plus spirituel que politique. Emmanuel Macron s’envole ce dimanche pour Rome afin de participer à une conférence sur la paix organisée par la communauté catholique Sant’Egidio, avant d’être reçu lundi au Vatican, en compagnie de son épouse Brigitte, pour une audience avec le pape François. Mais le voilà rattrapé par la politique transalpine avec une question brûlante : rencontrera-t-il Giorgia Meloni, la cheffe du parti d’extrême droite Frères d’Italie, tout juste nommée Première ministre ? Il la verra si c’est « utile », s’est borné à répondre pour l’heure le chef de l’État. Un tel rendez-vous ne figure pas en tout cas au programme officiel de la visite de deux jours à Rome, transmis vendredi soir par l’Élysée. Reste qu’on voit mal un président étranger séjourner dans un pays sans en rencontrer le principal dirigeant – le président de la République italienne, Sergio Mattarella, ayant un rôle surtout protocolaire. Un évitement de la part de Macron, comme inverse[1]ment un refus de la part de Meloni, pourrait être interprété comme un camouflet, car la relation a plutôt mal démarré. Grande gagnante des législatives du 25 septembre, Giorgia Meloni avait fustigé comme une « menace inacceptable d’ingérence » les propos de Laurence Boone, secrétaire d’État aux Affaires européennes, avertissant que la France serait « vigilante sur le respect des valeurs et des règles de l’État de droit » en Italie. Plus globalement, Macron, qui avait une complicité avec le techno Mario Draghi, prédécesseur de Meloni, ne sait trop comment composer avec cette nouvelle équipe populiste à Rome, où réapparaît de surcroît le très francophobe Matteo Salvini (vice-Premier ministre). L’apaisement paraît urgent. Il n’est donc pas exclu que le président, qui s’est dit « tout à fait prêt à travailler avec elle » et a souligné la « proximité géographique » entre le Vatican et le palais Chigi (le Matignon italien), puisse être reçu lundi par la nouvelle Première ministre, ce qui ferait de lui le premier dirigeant étranger à rencontrer Giorgia Meloni. Laquelle a d’ailleurs donné des gages à Bruxelles en formant son gouvernement, où des personnalités euro-compatibles figurent aux portefeuilles cruciaux de l’Économie et des Affaires étrangères. À la tête d’une Italie en grave crise, elle a besoin des 200 milliards d’euros du plan de relance européen post-Covid…

La fin de vie et la guerre en Ukraine au menu des échanges

Mais le volet spirituel de la visite demeure. Ce sera la troisième rencontre entre François et Macron, qui s’apprécient, se tutoient, se font même la bise et « entretiennent un contact fréquent, extrêmement nourri, échangeant régulièrement au téléphone », selon l’Élysée. Le pape ne se prive pas de lui dire ses vérités. Recevant vendredi des élus français, François s’est vivement élevé contre l’euthanasie, grondant qu’« on ne peut demander aux soignants de tuer leurs patients »… alors que Macron lance un grand débat sur la fin de vie. Le thème figurera forcément au menu de leur rencontre. Pourquoi le président se joint-il au rassemblement de Sant’Egidio ? « Créé en 1968 par de jeunes catholiques romains voulant agir auprès des déshérités, ce mouvement laïque a essaimé dans le monde et s’est investi sur tous les fronts de guerre, du Mozambique au Kosovo en passant par le Liban ou l’Irak, menant une action pour la paix à travers le dialogue interreligieux, explique l’historien des religions Jean-François Colosimo. Proche du monde chrétien orthodoxe, Sant’Egidio joue un rôle dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. » Son fondateur, Andrea Riccardi, fait figure de diplomate non officiel du Vatican. Sans doute Emmanuel Macron va-t-il chercher dans ces échanges des idées, lui qui appelle Poutine à revenir au plus vite à la table des discussions. Dans son discours d’ouverture de la conférence, le président évoquera selon l’Éysée « les différentes façons pour bâtir la paix ». Un exercice délicat, car une part importante des membres de l’UE, notamment les pays d’Europe centrale et de l’Est, jugent que le moment n’est vraiment pas venu de parler de paix avec la Russie…

Henri Vernet in Aujourd’hui en France