Emmanuel Macron s’est envolé mardi 21 mai, dans la soirée, heure de Paris, pour Nouméa en compagnie du ministre des Armées, du ministre de l’Intérieur et de la ministre des Outre-Mer. Cette visite surprise a été annoncée le matin même alors que le calme n’est pas encore revenu dans l’archipel. Le chef de l’État essaie de reprendre la main sur ce dossier ultra-sensible en se rendant en Nouvelle-Calédonie. Il devrait arriver à 22h heure locale (13h heure de Paris) et rester 24 heures sur place.
Emmanuel Macron tente un coup de poker avec un voyage de 34 000 kilomètres Paris-Nouméa-Paris avec un espoir : « permettre le début d’un retour de dialogue ».
Le premier message est clair. La distance n’est pas un obstacle à l’engagement du président. Et puisque les élus Calédoniens n’ont pas pu répondre à l’invitation du Premier ministre à venir à Paris comme le trafic aérien est interrompu, Emmanuel Macron a décidé d’aller lui-même à leur rencontre sur place. Dans son entourage, on explique que « s’il fait autant de kilomètres, c’est parce qu’il croit que sa présence physique peut inciter les uns et les autres à dialoguer ».
Sortir de l’impasse politique
Le pari n’est pas gagné d’avance. La situation n’est pas apaisée. L’état d’urgence est toujours en vigueur. Emmanuel Macron va donc aussi évaluer la situation sécuritaire. Mais c’est avant tout pour essayer de sortir de l’impasse politique qu’il s’engage personnellement.
Le président doit annoncer l’installation d’une mission, là où beaucoup réclamaient une médiation, et il doit évoquer la reconstruction. Emmanuel Macron est attendu sur la poursuite de la réforme du corps électoral, point de crispation entre loyalistes et indépendantistes. Le président prend des risques car il n’a pas le droit à l’échec.
Qu’attendent les Calédoniens de cette visite ?
Les Calédoniens attendent beaucoup de cette visite, raconte notre correspondante à Nouméa. Ce sera tout l’enjeu pour le président de la République qui est un peu attendu comme le messie ici, alors que la situation n’est toujours pas stabilisée.
Cette nuit encore, des entreprises ont été incendiées, des échauffourées avec les forces de l’ordre ont eu lieu dans la capitale, mais aussi dans les villes limitrophes de Dumbéa et du Mont-Dore. Et si la situation est « globalement plus calme », selon le représentant du haut-commissariat, il est encore très difficile de se déplacer, plusieurs quartiers sont toujours aux mains d’émeutiers. Alors beaucoup ici espèrent que la visite d’Emmanuel Macron sera un électrochoc et permettra de mettre tout le monde autour de la table.
Il y a urgence, après 10 jours d’émeutes la capitale est exsangue. On ne peut toujours pas par exemple s’approvisionner normalement, nourriture et essence manque malgré les efforts des autorités. À cela s’ajoute une cyberattaque d’une ampleur sans précédent déclenchée peu après l’annonce de la visite présidentielle. Une cyberattaque maitrisée mais qui a bien failli faire tomber l’internet local.
Il faut que tout ça s’arrête, ne cesse-t-on de répéter partout. Mais comment, personne ne semble avoir la clef et tous les espoirs se portent donc sur le chef de l’État.
M. B.