Un hommage national sera rendu en France pour Robert Badinter. L’ancien ministre de la Justice, père de l’abolition de la peine de mort en France en 1981, est mort dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février à l’âge de 95 ans. L’ancien avocat a aussi beaucoup œuvré pour l’Europe.
Nous sommes en septembre 1991. La trêve en Yougoslavie est fragile. Robert Badinter, alors président du Conseil constitutionnel, est chargé d’imaginer un avenir constitutionnel pour les Républiques yougoslaves. Le voici interrogé à La Haye: « Ce qui est certain, c’est que ce qui a été ne sera plus et que les voies de la force sont exclues.»
Son action pour la mise en place du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a dépassé les frontières de l’Europe, comme le rappelle Jean-Dominique Giuliani, qui préside la Fondation Robert-Schuman, un centre de réflexion européen: «On lui doit, en partie, la création de la Cour pénale internationale par l’effort de conviction et de pédagogie qu’il n’a cessé de plaider partout en Europe.»
« Considéré comme un Européen »
Robert Badinter a aussi été sollicité par plusieurs pays de l’ex-URSS pour les aider à écrire leur Constitution: «Il était considéré comme un Européen, juriste du plus haut niveau et convaincu que les droits de la personne devaient s’imposer même aux États », indique encore Jean-Dominique Giuliani.
Ces dernières années, Robert Badinter, auteur d’un livre sur le leader russe, Vladimir Poutine, l’accusation, a été l’un des lanceurs d’alerte en France sur les conséquences de la guerre en Ukraine pour l’Union européenne. C’est ce que retient notamment Jean-Dominique Giuliani : « Il a été parmi les personnalités qui ont été lucides sur ce que représente la guerre en Ukraine et l’agression russe. Il a vu depuis plus longtemps la Russie s’enfoncer sous la pression des anciens du KGB. Je crois que son avis a aussi compté dans la mise en œuvre de l’action de la Cour pénale internationale. Il était particulièrement sévère, il n’était pas le seul en France, mais ça n’était pas en harmonie avec la diplomatie française au plus haut niveau, qui pensait qu’on pouvait encore parler avec Vladimir Poutine, ce qui est désormais considéré comme impossible. »
M. B.