La Grèce paiera un « prix élevé », si elle continue de violer l’espace aérien turc et de « harceler » les avions turcs en mer Égée. Tels ont été les mots très durs, prononcés ce samedi par le président turc, Recep Tayyip Erdoğan. Depuis plusieurs jours, Ankara accuse son voisin d’avoir utilisé son système de défense antiaérienne S-300 pour viser des avions turcs en mission dans cette zone. Ces menaces interviennent dans un contexte particulièrement tendu ces derniers mois entre Ankara et Athènes.
Les mots et les références historiques ne sont pas choisis au hasard. Recep Tayyip Erdoğan sait parfaitement comment ses propos seront interprétés à Athènes et dans la population grecque.
Sur la scène d’un festival de l’aérospatial et de la technologie, où la Turquie expose notamment ses fameux drones de combat, le président turc a lancé à la Grèce des avertissements clairs.
Si vous allez plus loin, vous paierez un prix élevé, très élevé ! Votre occupation des îles (de la mer Égée, NDLR) ne nous lie en rien. Le moment venu, nous ferons le nécessaire. Nous pouvons arriver une nuit sans prévenir. Nous n’avons qu’un mot pour la Grèce : n’oublie pas Izmir !
Cette dernière phrase renvoie à un épisode décisif de la guerre d’indépendance turque, quand, en 1922, les forces de Mustafa Kemal, le futur Atatürk, avaient expulsé les soldats grecs de la cité égéenne d’Izmir, qu’ils occupaient depuis le dépeçage de l’empire ottoman. Une « guerre de libération » d’ailleurs lancée trois ans plus tôt depuis Samsun, la ville des rives de la mer Noire où Tayyip Erdoğan prononçait son discours.
En Turquie, ces menaces sont présentées comme une réponse à la Grèce, accusée d’avoir pointé des missiles de défense aérienne sur des chasseurs turcs F-16 à trois reprises ces dernières semaines lors de missions de reconnaissance au-dessus de l’Égée. Ankara et Athènes s’opposent notamment sur le tracé de leurs frontières maritimes et aériennes dans cette zone.