« Le son des montagnes », concert de la chanteuse Hasna Hini, alliant chant andalou, kabyle et chaoui, au conte, à la poésie et à la danse, a été présenté, jeudi soir à Alger, devant un public nombreux, dans une ambiance conviviale.
Organisé par l’Office Riadh El Feth (OREF), le spectacle, « Le son des montagnes », célébrant « Yennayer 2973 » à la salle Ibn-Zeydoun, est tiré du conte éponyme, écrit en 2015 par Sihem Kennouche, apparue aux côtés de Hasna Hini dans le rôle de la narratrice, vêtue d’un bel accoutrement traditionnel.
Soutenue par un orchestre d’une douzaine de virtuoses, dont Nacer Hini au clavier, Toufik Méziane au violon alto et Amine Kestali à la mandoline et la mandole, Hasna Hini a embarqué l’assistance dans une randonnée onirique, à travers une farandole de belles créations artistiques, exprimant l’adret et l’ubac, symboles d’une culture ancestrale millénaire et de résistance populaire contre l’occupant français.
Egalement dédiée à la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la Souveraineté nationale, le spectacle raconte en une centaine de minutes, la « résilience de montagnards » de « Takhlith » et son frère « Akli », face aux affres du colonialisme français.
Vivant tant bien que mal l’absence d’un père contraint à l’exil pour pouvoir trouver du travail et nourrir sa famille, Takhlith a eu une enfance plutôt heureuse avec sa mère et son frère dans un douar en montagne, jusqu’au jour où celui-ci fut rasé par l’aviation coloniale.
Ayant perdu la vue et perdu de vue son frère et sa mère, Takhlith, armée d’une voix suave de cantatrice, va animer toutes sortes de cérémonies, pour se faire surprendre un jour, sur la scène d’une grande salle de spectacles, par un air « générique de son enfance » que lui jouait son frère Akli qui était juste derrière elle, parmi les musiciens de l’orchestre.
Alternant, chants, conte, poésie, musique et danse le spectacle a été dans sa forme, d’une grande esthétique visuelle qui a porté dans ses contenus la double fierté de célébrer le 60e anniversaire du recouvrement de l’Indépendance de l’Algérie et le nouvel an amazigh.
Couronne de Reine berbère sur la tête, prolongée d’un bel accoutrement de haute couture, à la longue robe et au burnous en soie verdâtres frappés de broderies traditionnelles amazighes, Hasna Hini est intervenue après Toufik Méziane, Imededdine Haddad et Ramzi Lemnouar qui ont interprété, « Ya nassim djer Aâliya », « Ledha li chorb el aâchiya » et « Men yaloum El ôchaq ».
Autres pièces au programme de ce concert, « El Ghoram », « Allah yahdik », « Sani, sani atrouhedh », « Ah arras thili », « Anzour el wali », « Tiyara sefra », »A youliw soussem, soussem ».
Dans son spectacle, également embelli par les danses du duo Zihar et Nabil du « Ballet Mezghenna », Hasna Hini a invité le jeune chanteur Younès Ferhat qui a fait vibrer le son des Aurès, interprétant les pièces, « Barka Imettawen » et « A Lalla el baroud yengher ».
Le public a savouré tous les moments de la soirée, applaudissant longtemps la prestation de Hasna Hini et ses musiciens, la dramaturgie d’interprétation de la conteuse Sihem Kennouche et les ornements par la grâce du mouvement et la beauté du geste des danseurs.
Après avoir adhéré très jeune à l’Association « Essendoussia », puis « El Inchirah » Hasna Hini, diplômée en musicologie et élève des grands maîtres de la musique, comme les regrettés Boudjemaâ Fergane (1916-2002) et Amar Ezzahi (1941-2016), ainsi que son père, Smail Hini (1944-2020), compte deux CD à son actif, « Min touratina » (de notre patrimoine-2008) et « Chiâar Errouh wel qalb » (Poésie de l’âme et du coeur-2010).
Le spectacle « Le son des montagnes » a également été programmé en clôture du Festival du chant populaire féminin, tenu du 9 au 11 janvier à Tizi-Ouzou.
B. M.