Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a reçu mardi 8 novembre à Ankara le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui a donc réservé à la Turquie son premier voyage à l’étranger depuis son élection le mois dernier. La visite était destinée à faire avancer la candidature de la Suède à l’Otan, que la Turquie continue de bloquer en invoquant une coopération insuffisante en matière de lutte contre le terrorisme.
Pour rappel, Ankara avait notamment accusé la Suède – mais aussi la Finlande, elle aussi candidate à l’entrée dans l’Alliance atlantique – de protéger des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En juin, les trois pays ont signé un mémorandum visant à satisfaire les demandes de la Turquie.
Recep Tayyip Erdoğan a fait état de progrès, ce mardi, à l’issue de sa rencontre avec le chef du gouvernement suédois. Côté turc, le message est clair : la Suède rejoindra l’Otan quand elle aura extradé des individus que la Turquie considère comme des terroristes. Il ne s’agit pas que du PKK, mais aussi de gülenistes, ces fidèles du prédicateur Fethullah Gülen accusés d’être mêlés au coup d’État manqué de juillet 2016.
« Plus de muscles pour lutter contre le terrorisme »
Ce n’est pas tant une question de nombre que « d’attitude » de la Suède, a affirmé Recep Tayyip Erdoğan : « Trente, soixante-dix, cent personnes… tout ça, ce sont des sujets qui peuvent être discutés (…) Quand le mémorandum aura été entièrement mis en œuvre, notre souhait sincère est que l’adhésion de la Suède à l’Otan se concrétise. »
Ulf Kristersson a insisté sur l’intention de Stockholm de coopérer davantage avec la Turquie dans la « lutte contre le terrorisme » : « La Suède remplira tous ses engagements envers la Turquie (…) Nous avons déjà mis en œuvre une bonne partie du mémorandum, nous sommes en train de répondre à d’autres points… La Suède va faire de grandes avancées d’ici à la fin de l’année et le début de l’année prochaine, qui donneront aux autorités judiciaires plus de muscles pour lutter contre le terrorisme sur le sol suédois, peu importe que ces activités terroristes visent la Suède ou la Turquie. »
Prochaine étape : une rencontre à Stockholm à la fin du mois entre la Turquie, la Suède et la Finlande, Ankara n’ayant par ailleurs plus d’objection majeure à l’adhésion de cette dernière à l’Otan.
Turquie : Ulf Kristersson donne des gages
Seul le Parti de gauche a exprimé son opposition ; le nouveau Parlement suédois a annoncé ce mardi qu’un vote serait organisé le 16 novembre au son sein, pour changer la Constitution du pays afin de durcir la lutte antiterroriste. Une exigence de la Turquie.
Après un premier durcissement de la législation antiterroriste en vigueur depuis juillet, ce changement constitutionnel doit notamment permettre de « restreindre la liberté d’association des groupes engagés dans le terrorisme », selon le communiqué du Parlement.
L’entrée en vigueur est pour le 1er janvier 2023, précise la commission des affaires constitutionnelles, au moment de donner un large avis favorable à cette initiative, qui avait été amorcée par la précédente majorité en place à Stockholm.
Certains y voient un levier pour faciliter les poursuites contre des membres du PKK, l’une des « grandes avancées » promises au président turc par le Premier ministre Ulf Kristersson ce mardi, lors de sa visite amicale à Ankara.
A. A.