Washington accueille à partir de mardi 9 juillet une trentaine de dirigeants de l’Otan, réunis à l’occasion des 75 ans de cette organisation politico-militaire. Entre potentielle accession de Donald Trump à la présidence, conflit en Ukraine et partenariats en Indo-Pacifique, les pays signataires célèbreront jusqu’à jeudi cet anniversaire, pourtant teinté de plusieurs défis.
Le président Joe Biden a prévu de recevoir les délégations des 31 membres de plein droit de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), à l’auditorium Mellon, le lieu même où a été signé le traité créant l’Alliance atlantique en 1949, situé tout près de la Maison Blanche.
L’administration américaine insiste à l’occasion de ce 75e sommet pour rappeler que sous la présidence de Joe Biden, l’Alliance atlantique s’est étendue à de nouveaux pays comme la Suède et la Finlande, signe de bonne santé pour l’Otan.
L’Ukraine demande plus d’aide
Mais au-delà de cette célébration, l’Alliance rencontre des défis très actuels, qui débuteront dès ce mardi 9 juillet. Le défi le plus important reste celui de l’aide à apporter à l’Ukraine face à l’agression russe. Même si son pays n’est pas membre de l’Alliance atlantique, le président Volodymyr Zelensky sera présent pour plaider auprès de ses alliés occidentaux pour obtenir davantage de systèmes de défense antiaériens. Et ce au lendemain de nouvelles frappes massives sur plusieurs villes ukrainiennes qui ont fait au moins 37 morts et 150 blessés, notamment dans un hôpital pour enfants à Kiev.
Des annonces sont justement prévues dans ce sens pendant le sommet, notamment en termes d’armes et de munitions. Depuis que l’envoi d’aide vers son allié ukrainien a repris en avril, la situation qui était mal embarquée pour l’Ukraine s’est stabilisée, souligne la Maison Blanche. Il s’agit donc, avec ce sommet de Washington, d’envoyer un signal clair à Vladimir Poutine pour lui signifier qu’il se trompe s’il pense prévaloir sur la coalition mise en place autour de l’Ukraine.
Volodymyr Zelensky a d’ailleurs nommé les priorités de ce sommet pour Kiev. Tout d’abord, demander à ses partenaires de fournir à Kiev plus de systèmes de défense anti-aérienne, pour couvrir les villes et infrastructures critiques ukrainiennes, touchées par des bombardements aériens systématiques. Ensuite, le président ukrainien demandera aux pays de l’Otan d’augmenter le nombre d’avions de chasse F-16 fournis par les alliés dans les deux ans à venir, les premiers F-16 devant arriver bientôt en Ukraine, en provenance des Pays-Bas. Mais l’armée ukrainienne en aura besoin de beaucoup plus, si elle veut contester à la Russie la supériorité dans les airs.
Enfin, plus que jamais, la délégation ukrainienne va tenter de persuader les Occidentaux d’autoriser l’armée ukrainienne à frapper des cibles militaires avec des armes occidentales, sur le territoire de la Fédération de Russie, seule solution pour Kiev pour empêcher des vagues de bombardements comme celle de lundi.
Car si rejoindre un jour l’Alliance atlantique est l’objectif stratégique assumé de l’État ukrainien, cette perspective est encore incertaine, et les dirigeants ukrainiens espèrent qu’en fin de sommet, les pays de l’OTAN déclareront « irréversible » une adhésion à terme.
De son côté, le Kremlin a d’ailleurs indiqué ce mardi suivre avec « une attention maximale » cette réunion de l’Otan car l’Alliance atlantique « considère la Russie comme son ennemi », a rapporté Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, lors d’un point presse.
Partenariats avec l’Indo-Pacifique
Concernant les dossiers en Indo-Pacifique, une réunion est prévue avec des partenaires privilégiés mais qui ne sont pas membres de l’Otan : les représentants du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande seront là pour souligner l’importance de la présence occidentale dans la région.
Il ne s’agit pas de faire adhérer ces pays, mais il s’agit plutôt de signaler que le regard des États-Unis reste également dirigé vers cette zone, où les ambitions et l’expansionnisme de la Chine représentent un défi aussi important que ce qui se passe en Europe, le terrain habituel d’opération de l’Otan.
« Un sujet qu’il ne faut pas oublier, c’est la question de la relation avec le voisinage sud dans un contexte de guerre à Gaza qui a accru le tensions entre les pays de l’Otan et les pays du Sud, qui perçoivent une forme de double standard entre l’attitude vis-à-vis de l’Ukraine, et celle vis-à-vis de Gaza. »
Enjeux pour le pays hôte
Enfin, cette réunion demeure dominée par le climat d’incertitude politique à l’approche de la présidentielle américaine en novembre prochain. Premier enjeu : que se passerait-il si Donald Trump revenait au pouvoir – lui qui a déjà menacé de quitter l’organisation – et laissait, comme il l’a déjà laissé entendre, faire la Russie ?
Ensuite, la question de la santé de Joe Biden. La Maison Blanche affirme qu’aucun allié n’a manifesté d’inquiétude à ce sujet mais le président américain a prévu de profiter de l’occasion pour enfin répondre aux interrogations de la presse, afin de montrer qu’il est en état d’assumer le leadership américain.
Toutefois, quelques sujets restent en suspens. La Maison Blanche annonce que sous son impulsion, 23 pays sur les 31 membres atteignent ou dépassent désormais l’objectif de 2% du PIB consacré aux dépenses militaires. Un objectif qui a été fixé il y a une dizaine d’années, mais qui n’est donc toujours pas atteint par huit pays. Ce sommet sera donc l’occasion de le leur rappeler.
M. B.