samedi 15 mars 2025
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Pédocriminalité dans l’Église : au moins 4 815 victimes au Portugal depuis 1950

Au moins 4 815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles au sein de l’Église catholique portugaise depuis 1950, selon les conclusions présentées, lundi 13 février, par une commission indépendante qui a entendu plus de 500 témoignages pendant son travail d’environ un an.

« Ces témoignages nous permettent d’arriver à un réseau de victimes beaucoup plus important, calculé au nombre minimal de 4 815 victimes », a déclaré le coordinateur de cette commission d’experts, le pédopsychiatre Pedro Strecht, lors de la présentation de leur rapport final à Lisbonne. La grande majorité des crimes dénoncés est déjà prescrite, mais vingt-cinq témoignages ont été transmis au ministère public, a-t-il précisé.

« Comme certains l’illustrent, parler a été un acte libérateur pour les victimes : « Merci, j’ai porté une peine immense et j’ai toujours pensé que j’étais le seul », dit l’un d’eux.  Et ces témoignages nous ont permis, avec toute la prudence requise, d’arriver à chiffrer un nombre de victimes nettement supérieur. Voici un exemple de ces témoignages : « Nous étions tous les trois dans la même chambre. Chacun a passé une nuit avec lui ». Et un autre : « c’était le directeur du foyer. Il se promenait et il choisissait qui il voulait. Les religieuses se taisaient et les filles savaient mais on n’en parlait pas entre nous ». Il n’est pas possible de quantifier le nombre total de crimes commis parce que la plupart des enfants ont été agressés à plusieurs reprises », ajoute le coordinateur.

Fin 2021, la hiérarchie de l’Église portugaise avait chargé Pedro Strecht de former une équipe pour prendre la mesure du phénomène de la pédocriminalité en son sein. Le président de la conférence épiscopale portugaise, l’évêque de Leiria-Fatima José Ornelas, doit réagir ce lundi en fin de journée.

« Éradiquer autant que possible »

Les évêques portugais ont également prévu de se réunir début mars pour tirer les conclusions du rapport indépendant et pour « éradiquer autant que possible ce fléau de la vie de l’Église », a déclaré en janvier le secrétaire de la conférence épiscopale, le père Manuel Barbosa.

En avril 2022, le cardinal-patriarche de Lisbonne et plus haut prélat de l’Église portugaise Manuel Clemente s’était dit prêt à « reconnaître les erreurs du passé » et à « demander pardon » aux victimes. Il assistait lundi à la présentation du rapport de la commission indépendante.

« Bataille totale »

Confronté aux milliers de cas de violences sexuelles commises par des prêtres mis au jour dans le monde et aux accusations de dissimulation par des membres du clergé, le pape François a promis en 2019 de livrer une « bataille totale » contre la pédophilie au sein de l’Église.

Avant le Portugal, plusieurs pays se sont déjà efforcés de prendre la mesure de ce phénomène, dont la France, l’Irlande, l’Allemagne, l’Australie ou les Pays-Bas.

B. M.