Les craintes d’une récession aux États-Unis liées au ralentissement du marché de l’emploi américain, les tensions au Proche-Orient et la hausse du yen expliquent en grande partie les chutes d’indices constatées ce lundi 5 août dans les Bourses du Japon, à Taïwan et en Corée du Sud. L’indice Nikkei de Tokyo a dévissé de 12,4%, la pire baisse en points de son histoire. Les Bourses européennes ont terminé la journée en forte baisse. Londres a perdu 2,04%, Paris 1,42% – son plus bas niveau depuis mi-novembre – et Francfort 1,82%. La Bourse de New York a conclu sur une chute brutale. L’indice Dow Jones, au cours de sa pire séance depuis 2022, a cédé 2,60%, selon des résultats provisoires. Le Nasdaq, au plus bas depuis mai, a lâché 3,43% et l’indice élargi S&P 500 3%.
Lundi, les indices à Tokyo, Séoul et Taïwan ont connu des chutes vertigineuses sur fond de craintes de récession aux États-Unis et d’envolée du yen. L’indice vedette Nikkei de la capitale nippone, qui avait déjà dévissé de 5,8% vendredi, sombrait de 12,4% en clôture lundi, signant sa pire baisse en points. L’indice élargi Topix s’effondrait de 12,23%. Taïwan tombait de 8,4%, son plus fort repli en une séance depuis le 20 novembre 2000, et Séoul de plus de 9%. Les Bourses chinoises reculaient plus modérément, l’indice Hang Seng de Hong Kong reculant de 2,13% dans les derniers échanges, l’indice composite de Shanghai de 1,54% et celui de Shenzhen de 1,85%.
Les Bourses européennes ont évolué également dans le rouge, elles aussi, pénalisées par les craintes de récession aux États-Unis. La Bourse de Paris a perdu 1,42%, tombant à 7 148,99 points, son plus bas niveau depuis mi-novembre. Londres a cédé 2,04%, Francfort 1,82%, Milan 2,27%. L’indice paneuropéen Stoxx 600 a chuté de 2,17%.
La Bourse de New York a conclu sur une chute brutale, frôlant la panique dans le sillage de la déroute des marchés boursiers. L’indice Dow Jones, au cours de sa pire séance depuis 2022, a cédé 2,60%, selon des résultats provisoires. Le Nasdaq, au plus bas depuis mai, a lâché 3,43% et l’indice élargi S&P 500 3%.
Les craintes d’une escalade des tensions au Moyen-Orient ajoutent aussi à la volatilité des marchés, dans la foulée des menaces de l’Iran et de ses alliés contre Israël, accusé par le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais de la mort mercredi du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
Un rapport sur l’emploi aux États-Unis et la chute des valeurs technologiques ont semé la panique
Plusieurs facteurs ont joué dans ces fortes baisses, comme un rapport américain préoccupant sur l’activité manufacturière en juillet et une chute des valeurs technologiques face à des doutes sur les perspectives de croissance du secteur. « L’élément déclencheur ? Un rapport sur l’emploi américain qui a tellement manqué sa cible qu’il n’a pas seulement fait se décrocher des mâchoires, mais aussi les actions et les rendements obligataires », à Wall Street, selon Stephen Innes de SPI Asset Management. Aux États-Unis, le taux de chômage en juillet a augmenté plus que prévu à 4,3%, soit le plus haut taux de sans-emploi depuis octobre 2021.
À cela s’ajoutent des taux directeurs à leur plus haut niveau depuis vingt ans aux États-Unis, dans une fourchette de 5,25 à 5,50%,de manière à forcer l’économie américaine à ralentir, ceci, afin de combattre l’inflation. Jusqu’à maintenant, les analystes voyaient l’économie américaine rester solide et en légère croissance et l’inflation ralentir, le scénario rêvé d’un « atterrissage en douceur » après la période de surchauffe post-Covid. Désormais, les marchés estiment que la banque centrale américaine va devoir baisser ses taux directeurs plus fortement que ce qu’elle prévoyait pour tenter d’éviter une récession. Les chiffres de l’emploi américains « ont fait penser que la Réserve fédérale pourrait avoir retardé trop longtemps les baisses de taux d’intérêt, risquant ainsi de provoquer une récession », commente Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth.
Par ailleurs, les valeurs technologiques, chèrement valorisées, flanchent face à l’environnement macroéconomique, et à des doutes sur les perspectives de croissance du secteur. Dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de la Bourse de New York, Nvidia chutait de près de 10%, Tesla abandonnait 8,52%, Alphabet 4,52%, Apple 6,55%, Amazon 5,35%, Meta 5,04% et Microsoft 3,86%.
« En arrière-plan, il y a deux phénomènes importants : des tensions géopolitiques importantes et une incertitude sur les élections américaines. Deux autres phénomènes doivent être soulignés. Tout d’abord, les banques centrales ont gardé des taux d’intérêt très élevés et le problème, c’est que quand on garde des taux d’intérêt trop élevés, cela nuit à l’emprunt puisque emprunter coûte plus cher et donc cela nuit à l’investissement des entreprises. Et puis, il y a ce choc technologique américain. Il faut comprendre que la hausse boursière des dernières années a quasiment été essentiellement le fait des grandes entreprises technologiques qui ont maintenant des valeurs boursières stupéfiantes, et que la moindre contrariété rend les cours très volatiles. Et de manière plus générale, des gens se disent : « mais finalement, cette intelligence artificielle va coûter beaucoup d’argent, beaucoup d’investissements et on n’en verra peut-être pas les avantages avant un certain temps ».
Le pétrole aussi était pénalisé par les craintes de récession : le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 0,89% à 76,13 dollars vers 14h TU ce lundi.
« Hausse inattendue des taux d’intérêt » de la Banque du Japon, le yen décolle
À contre-courant, le yen affiche une envolée spectaculaire, profitant de son statut de valeur refuge en pleines craintes de récession aux États-Unis. La devise nippone décollait de 2,74% face au dollar, à 142,62 yens pour un dollar, et de 2,10% face à l’euro, à 156,58 yens pour un euro.
Avant même la publication des chiffres de l’emploi aux États-Unis vendredi, le Nikkei avait connu sa plus vertigineuse chute en points depuis 1987 et la deuxième plus forte de son histoire. « Le déclencheur immédiat de cette aversion au risque semble être la hausse inattendue des taux d’intérêt » annoncée mercredi par la Banque du Japon, selon Dilin Wu, stratégiste chez Pepperstone. Pour lui, « cette décision a frappé le marché boursier japonais comme un coup de tonnerre ». Cette hausse des taux d’intérêt a précipité la remontée du yen, soutenue également par des interventions de la Banque centrale japonaise sur le marché des changes. Or, ce mouvement de change est néfaste pour les entreprises japonaises exportatrices qui avaient bénéficié de la chute de la devise nippone.
Les banques japonaises ont été particulièrement malmenées, Mitsubishi UFJ Financial Group s’affalant de 17,84%, Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) de 15,52% et Mizuho de 19,71%. L’action Nintendo a dégringolé de 16,52% après que le géant japonais du jeu vidéo a vu son bénéfice net chuter au premier trimestre. Pour autant, l’entreprise a maintenu vendredi des prévisions extrêmement conservatrices alors que sa prochaine console n’est pas attendue avant plusieurs mois.
M. B.