Extraits du discours du président russe, Vladimir Poutine, devant les dignitaires du régime rassemblés dans la salle Saint-Georges du Kremlin
Vendredi 30 septembre, le président russe Vladimir Poutine a prononcé un discours à Moscou, dont nous retranscrivons une partie. « L’Occident est prêt à n’importe quelle transgression afin de préserver [son] système néocolonial (…). Il est d’une importance capitale pour eux [les Américains] que tous les pays abandonnent leur souveraineté en faveur des Etats-Unis. Les cercles dirigeants de certains pays acceptent volontaire[1]ment de le faire, acceptent volontairement de devenir des vassaux ; d’autres sont soudoyés et intimidés (…). Je tiens à le souligner une fois de plus : c’est la cupidité et l’intention de maintenir un pouvoir illimité qui est la véritable raison de la guerre hybride que l’« Occident collectif » mène contre la Russie. Ils ne veulent pas que nous soyons libres, ils veulent que nous soyons leur colonie. Ils ne veulent pas d’une coopération d’égal à égal, ils veulent nous piller. Ils veulent que nous soyons non pas une société libre, mais une foule d’esclaves placides (…). C’est le prétendu Occident qui a piétiné le principe de l’inviolabilité des frontières et qui décide maintenant à sa guise qui a le droit à l’autodétermination et qui ne l’a pas, qui n’en est pas digne. On ne sait pas pourquoi ils ont décidé cela et qui leur a donné ce droit. Ils se sont donné ce droit à eux-mêmes. C’est pourquoi ils éprouvent une colère sauvage face au choix des habitants de Crimée, Sébastopol, Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson (…). Les élites occidentales ne réfutent pas seulement la souveraineté nationale et le droit international. Leur hégémonie relève nettement du totalitarisme, du despotisme et de l’apartheid. Ils considèrent impudemment que le monde est divisé entre leurs vassaux, les pays dits civilisés, et tous les autres qui, selon le projet des racistes occidentaux actuels, devraient rejoindre la liste des barbares et des sauvages.
« Comme Goebbels »
Les fausses étiquettes – « pays voyou », « régime autoritaire » – sont déjà en place, elles marquent des nations et des Etats entiers, et ce n’est pas nouveau. Il n’y a rien de nouveau à ce sujet : les élites occidentales sont restées ce qu’elles ont toujours été – colonialistes (…). Le diktat américain est fondé sur la force brute, sur la force du poing. Il est parfois joliment emballé, parfois sans emballage, mais l’essence est la même – la puissance du poing. D’où le déploiement et le maintien de centaines de bases militaires aux quatre coins du monde, l’expansion de l’OTAN et les tentatives de formation de nouvelles alliances militaires (…). Cette confiance en soi est le résultat direct non seulement du concept notoire de leur propre exceptionnalisme – bien que cela soit, bien sûr, étonnant –, mais aussi d’une véritable « faim d’information » en Occident. La vérité est noyée dans un océan de mythes, d’illusions et de « fakes », à l’aide d’une propagande extrêmement agressive qui ment sans gêne, comme Goebbels. Plus le mensonge est invraisemblable, plus vite les gens y croient – c’est ainsi qu’ils fonctionnent, selon ce principe. Mais on ne peut pas nourrir les gens avec des dollars et des euros imprimés. On ne peut les nourrir avec ces morceaux de papier, et la capitalisation virtuelle, gonflée, des réseaux sociaux occidentaux ne peut chauffer leurs maisons. Tout ce que je dis est important. Mais ce que je viens de dire ne l’est pas moins : on ne peut nourrir personne avec des bouts de papier – il faut de la nourriture, et l’on ne peut chauffer personne avec des capitalisations gonflées –, il faut des hydrocarbures. C’est pourquoi les hommes politiques européens sont obligés de convaincre leurs concitoyens de manger moins, de se laver moins souvent et de s’habiller plus chaudement à la maison. Et ceux qui commencent à poser des questions justes : « Pourquoi, en fait, est-ce le cas ? » – on les traite d’ennemis, d’extrémistes et de radicaux (…). Voulons-nous avoir chez nous, en Russie, le parent numéro un, numéro deux, numéro trois (ils ont complètement pété les plombs là-bas), au lieu de maman et papa ? Voulons-nous que nos écoles imposent aux enfants, dès l’école primaire, des perversions qui conduisent à la dégradation et à l’extinction ? Qu’on leur inculque que, en plus des femmes et des hommes, il existe soi-disant d’autres genres et qu’on leur propose une chirurgie de changement de sexe ? Est-ce cela que nous voulons pour notre pays et nos enfants ? Tout cela est inacceptable pour nous, nous avons notre propre avenir, un avenir différent. »
Traduit du russe par Galina Ackerma in Le Monde