Le président démocrate Joe Biden a annoncé dimanche 21 juillet dans un communiqué publié sur le réseau social X le retrait de sa candidature pour l’élection présidentielle américaine de novembre, lors de laquelle il devait affronter l’ancien président républicain Donald Trump.
« Ce fut le grand honneur de ma vie d’être votre président. Et même si j’ai eu l’intention de me faire réélire, je crois qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je démissionne et que je me concentre uniquement sur mes fonctions de président pour le reste de mon mandat. » C’est en ces termes que Joe Biden, 81 ans, a annoncé son retrait de la course à la Maison Blanche dans un communiqué publié sur X. « Je m’adresserai à la Nation plus tard dans la semaine et détaillerai davantage ma décision », ajoute le document.
Joe Biden, qui vient de contracter le Covid-19, devait reprendre sa chaotique campagne cette semaine malgré les nombreux appels au retrait de sa candidature. Depuis plusieurs semaines, surtout depuis le débat chaotique face à Donald Trump, les manifestations de l’âge ont mis à mal la candidature du plus vieux président de l’histoire des États-Unis. Chutes, lapsus et bourdes à répétitions avaient orienté la campagne sur une seule question : Biden est-il en capacité de gouverner le pays un second mandat ? Lors d’une conférence de presse censée faire oublier les terribles performances de Biden durant le débat, le président américain avait par exemple appelé, devant les médias du monde entier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky : « le président Poutine ».
Les dernières polémiques avaient donc semé la panique au sein du clan démocrate. Le camp démocrate craignait tellement la déroute électorale en novembre prochain que plusieurs élus démocrates du Congrès l’enjoignaient de se retirer au profit d’un ou d’une autre candidate pour le scrutin du 5 novembre. Le dernier appel au désistement émanait ce dimanche d’un vieil ami de Joe Biden, qui reste une voix qui compte sur l’échiquier politique. Joe Manchin, le sénateur démocrate de Virginie-Occidentale devenu indépendant, a déclaré sur CNN et ABC : « J’ai le cœur lourd, mais je pense qu’il est temps pour [Joe Biden] de passer le flambeau à une nouvelle génération ».
Cet appel s’est ajouté à ceux d’une trentaine d’élus démocrates qui demandaient au président sortant de laisser la place à un ou une candidate plus jeune. D’autres poids lourds du parti démocrate, comme l’ancien président Barack Obama selon plusieurs médias américains, avaient même fait part de leur volonté de voir Joe Biden se retirer. L’acteur George Clooney avait aussi appelé le président américain à se retirer de la course à la Maison Blanche dans une tribunepubliée le 10 juillet dans le New York Times « J’aime Joe Biden. Mais il nous faut un nouveau candidat ».
Kamala Harris, candidate démocrate pour 2024 ?
Dans un message publié sur X quelques minutes après l’annonce de son retrait, Joe Biden a soutenu la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris. « Ma toute première décision en tant que candidate du parti en 2020 a été de choisir Kamala Harris comme vice-présidente. Et c’est la meilleure décision que j’ai prise. Aujourd’hui, je souhaite offrir mon plein soutien et mon approbation à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année », a écrit le président, appelant les démocrates à « s’unir et battre Trump ».
Toutefois, le processus pour formellement remplacer Joe Biden risque d’être un peu technique. joe Biden a été désigné comme le candidat démocrate après une série de primaires. Il devait donc, en théorie, être intronisé lors de la convention du parti, à Chicago mi-août.
Mais avec ce retrait surprise, les délégués du parti – 3 900 personnes au profil très varié -, sont désormais libres de choisir leur candidat. Dans une note écrite avant le retrait de Joe Biden, la chercheuse Elaine Kamarck de l’institut Brookings imaginait qu’une telle éventualité donnerait lieu à un « genre de convention où tous les coups sont permis », chaque camp essayant de pousser pour son candidat. C’est donc une ère de grandes incertitudes qui s’ouvre pour les États-Unis.
Un éléphant de la politique
En tout cas, même s’il reste encore président, ce renoncement signe la fin abrupte et tragique d’une longue carrière politique, riche de rebondissements et marquée par des épreuves personnelles. Par exemple, lorsque Joe Biden entre au Sénat, le groupe Abba vient de sortir son premier single et la France est gouvernée par le président Pompidou. Nous sommes en 1972. Joe Biden a alors 29 ans lorsqu’il fait ses premiers pas au Capitole. Et, déjà, la question de l’âge commence à le hanter car la presse se demande s’il n’est pas trop jeune pour assumer ces fonctions.
Candidat malheureux aux primaires démocrates de 2008, Joe Biden accède à la Maison Blanche par la petite porte en tant que vice-président de Barack Obama. C’est seulement en 2020 qu’il réalise enfin son vieux rêve et devient président en battant Donald Trump, un comeback spectaculaire. Ce dernier a d’ailleurs immédiatement taclé M. Biden estimant que « Joe l’escroc n’était pas à apte à être candidat et il n’est certainement pas apte à exercer ses fonctions ».
M. B.