En France, la colère contre la réforme des retraites ne retombe pas. Ce samedi après-midi 18 mars, de nouveaux rassemblements ont eu lieu à Paris. La mobilisation également a été très suivie dans le reste du pays.
Dans la capitale, un rassemblement a débuté Place d’Italie à partir de 18 heures. Les rangs du cortège avait considérablement grossis depuis le départ. Il a été stoppé net par les forces de l’ordre qui sont arrivées en grand nombre. Les rassemblements place de la Concorde, ainsi que sur les Champs-Élysées, avaient été interdits par la préfecture de police de Paris.
« C’est simplement un déni de démocratie ! »
« L’espoir, c’est d’arriver à convaincre les députés qui sont un peu tièdes de voter la motion de censure et faire tomber le gouvernement. Très clairement, quand 80% de la population est opposée à une loi, la faire passer en force avec le 49.3, c’est inadmissible. Le 49.3 devrait être réservé vraiment pour des situations d’urgence absolue où on ne peut pas faire autrement ! », estimait Vincent Bourdin, ingénieur de recherches syndiqué chez Solidaire, présent dans le cortège parisien.
Barricades, feux de poubelles et d’abribus, jets de projectiles… La Place d’Italie et ses alentours ont été le théâtre de heurts violents avec la police et de dizaines d’arrestations. Selon une source policière, 81 personnes ont été interpellées sur la place d’Italie et alentours, où le calme était revenu vers 23 heures.
Des rassemblements partout en France
Partout en France, des rassemblements ont eu lieu dans les grandes villes et dans les villes moyennes. Il y a eu des gestes symboliques, à l’image du Mans. Entre 1 800 et 5 000 manifestants ont jeté des rouleaux de papier toilette sur la préfecture. À Besançon, dans l’est de la France, un grand feu a été allumé avec un but : brûler sa carte électorale.
Le passage en force de la réforme des retraites à l’Assemblée par l’article 49.3 ne passe pas. Dans certaines villes, les manifestants ont appelé à se rassembler devant les permanences parlementaires de députés. C’est le cas notamment à Brest, où le local de l’élu Horizons, Jean-Charles Larsonneur, membre de la majorité, a dû être protégé par les forces de l’ordre.
À Nantes, les manifestants veulent une radicalisation
« Macron et les patrons, touchez pas à nos pensions ! », pouvait-on entendre dans le cortège nantais. Pour beaucoup d’opposants rencontrés dans la ville par notre envoyé spécial, le 49.3 a été un électrochoc et la manifestation traditionnelle ne suffit plus. « Aujourd’hui, si on veut se faire entendre, on n’a plus le choix, il faut passer une vitesse supérieure, estime Kévin, paysan, qui était présent à un blocage routier avant la manifestation. Des actions de blocage comme ça, on voit que c’est ce qui peut être beaucoup plus efficace que des grandes manifestations syndicales, donc aujourd’hui, il y a la 2e mi-temps qui commence. Il y a comme le spectre des Gilets jaunes. Toute la société est d’accord pour dire qu’aujourd’hui, si on ne radicalise pas le mouvement, le gouvernement ne bougera pas. »
Ce sentiment est partagé par Adrien et Nelly. Bâillon sur la bouche et masque 49.3 sur la tête, ils veulent aussi des blocages, mais pas de violences. « Est-ce que ça a un sens d’aller casser une boutique ? Je n’en suis pas sûre. Par contre, ça a peut-être plus de sens d’aller faire des blocages devant des centres de pouvoir », estime Nelly. « Il faut commencer à attaquer plus concrètement l’économie et donc bloquer les flux, les entrepôts, les carburants », reprend Adrien. C’est bien ce que compte faire la CGT.
« On n’est pas favorable à ce que les manifestations dégénèrent. Ce à quoi on appelle par contre, c’est une radicalité sur les lieux de travail et avec des blocages de l’économie d’une manière ou d’une autre », dit Fabrice David, secrétaire général de la CGT en Loire-Atlantique. Ce qui notamment par la grève dans la 2e raffinerie totale énergie du pays, non loin d’ici. À la Nantes, la manifestation a été émaillée de quelques violences entre des manifestants et les forces de l’ordre : des gaz lacrymogènes d’un côté, des jets de bouteilles de l’autre.
Des heurts entre la police et les manifestants
Des face-à-face entre les policiers et les manifestants se sont déroulés à Caen, à Dijon, mais aussi à Bordeaux. Les rues commerçantes ont été envahies par quelques centaines de personnes.
Parmi les manifestations spontanées, à Marseille, dans le sud de la France, la gare Saint-Charles a été brièvement occupée. Partout en France, les manifestants promettent de continuer le mouvement ce dimanche.
Côté grèves, la mise à l’arrêt de la plus importante raffinerie du pays, la raffinerie de Normandie de TotalEnergies, a débuté vendredi soir. Cette opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates dans les stations-service du pays. La raffinerie de PetroIneos à Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône, pourrait selon la CGT être mise à l’arrêt.
Rassemblements, blocages, barricades… La colère ne retombe décidément pas contre le gouvernement. À l’Assemblée nationale, les motions de censure – déposées par le groupe indépendant Liot et par des élus du Rassemblement national (RN) – seront débattues et mises au vote lundi à partir de 16 heures.
M. B.