Au Royaume-Uni, de nouvelles émeutes ont éclaté ce samedi 3 août. Des rassemblements organisés par des mouvements d’extrême-droite, anti-immigration, et alimentés par des fake news sur les réseaux sociaux, dans la foulée de l’attaque au couteau de lundi dernier à Southport, dans l’ouest du pays. Trois petites filles avaient été poignardées à mort dans un centre aéré à l’ouest de l’Angleterre. Résumé de ce samedi chaotique.
Des rassemblements d’extrême droite ont eu lieu dans une dizaine de villes anglaises et à Belfast, en Irlande du Nord. Les images sur place montrent à chaque fois des manifestations majoritairement masculines, certains participants enveloppés dans des drapeaux britanniques, masqués ou encagoulés.
« Plusieurs policiers ont été blessés alors qu’ils faisaient face à des désordres graves dans le centre-ville de Liverpool », à indiqué sur X la police du Merseyside.
« Ce comportement (…) ne sera pas toléré. Et nous arrêterons les responsables », a-t-elle ajouté. À Liverpool, à Stoke on Trent, à Hull et à Belfast, la police a été visée par des jets de projectiles, des briques, des déchets, des scooters. Plusieurs mairies ont pris des arrêtés spéciaux, dont l’interdiction des drones, pour enrayer les dérapages rapidement.
Dans certaines villes, à Leeds, à Manchester, à Nottingham, des contre-manifestations anti-racisme avaient été organisées. Les forces de l’ordre, d’ordinaire en retrait dans les rassemblements, ont dû intervenir dans au moins trois localités pour séparer les cortèges qui commençaient à s’affronter.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a affirmé ce samedi qu’il n’y avait « aucune excuse pour la violence ». Le chef du gouvernement, arrivé au pouvoir il y a un mois, a tenu une réunion téléphonique d’urgence avec ses principaux ministres samedi, et a aussi « réitéré que le gouvernement soutient la police pour prendre toutes les actions nécessaires pour garder les rues sûres », a indiqué un de ses porte-parole. L’inquiétude est particulièrement vive parmi les responsables religieux musulmans, alors qu’une mosquée a été prise pour cible à Sunderland vendredi, comme à Southport lors de précédents heurts mardi.
Au total, plus de trente appels à manifester ont été lancés dans le Royaume-Uni pour ce week-end, la plupart répondant au mot d’ordre anti-immigration « Enough is enough ! » -Trop c’est trop ! -, largement diffusé sur les réseaux sociaux. D’autres manifestations sont annoncées ce dimanche 4 août, certaines qualifiées de « pro-Britannique », avec la crainte de nouveaux débordements. Le Premier ministre et la ministre de l’Intérieur ont apporté leur soutien à la police et promis « arrestations et poursuites » pour les émeutiers extrémistes.
Le gouvernement britannique pointe La Ligue de défense anglaise
Des heurts ont éclaté samedi 3 août dans plusieurs villes du Royaume-Uni. Les autorités britanniques pointent une organisation nationaliste : La Ligue de défense anglaise. Elle a été fondée en 2009 par Tommy Robinson, ancien adhérent du Parti national britannique, une formation fasciste admiratrice du Troisième Reich. Le quadragénaire recrute d’abord parmi les supporters du club de foot de Luton, sa ville natale, avant d’étendre son réseau et faire des émules à l’international. Selon la presse britannique, le groupuscule aurait notamment été une inspiration pour le terroriste norvégien Anders Breivik, qui a abattu 77 personnes en 2011.
Plusieurs fois condamné à des peines de prison pour violences envers les forces de l’ordre, fraude ou hooliganisme, Tommy Robinson finit par quitter cette formation en 2013, invoquant des craintes concernant les « dangers de l’extrémisme d’extrême droite ». Très présente sur les réseaux sociaux, la Ligue de défense anglaise mène des actions pour dénoncer « l’islamisation du pays », ou plus largement, l’immigration et le multiculturalisme. Si, au fil des années, l’audience du mouvement s’effrite, les attentats islamistes lui permettent de mobiliser à nouveau les troupes et d’attirer de nouveaux adhérents.
Mardi, au lendemain de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois enfants, 200 à 300 sympathisants de la Ligue de défense anglaise ont pris part aux échauffourées, selon la police. Aujourd’hui, les agissements du groupuscule inquiètent : la vice-Première ministre Angela Rayner plaide même pour sa dissolution.
E. V.