dimanche 22 décembre 2024
Accueil > A la UNE > Royaume-Uni : des rassemblements pour dénoncer les violences racistes

Royaume-Uni : des rassemblements pour dénoncer les violences racistes

Des milliers de Britanniques ont participé ce samedi 10 août à des rassemblements anti-racistes en réaction aux émeutes d’extrême droite qui ont secoué le Royaume-Uni pendant une semaine. Les derniers heurts importants entre police et émeutiers remontent à lundi soir, mais la police reste en état d’alerte pour ce week-end.

À l’issue d’une semaine marquée par une réponse judiciaire très ferme avec des centaines de comparutions et des premières condamnations ainsi que par une première vague de rassemblements anti-racistes mercredi, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes pour dénoncer les récentes violences xénophobes et islamophobes ce samedi 10 août.

La plus importante a réuni quelque 5 000 personnes de personnes à Belfast, capitale d’Irlande du Nord où la police a dénoncé plusieurs actes qualifiés de racistes cette semaine, rapporte l’AFP. Une mosquée de Newtownards, à l’est de Belfast, a encore été visée dans la nuit par un cocktail molotov -qui n’était pas allumé- et a été vandalisée, la police disant traiter l’affaire comme un délit raciste.

Des rassemblements réunissant des centaines de personnes ont été signalés à travers tout le Royaume-Uni, à Newcastle, au nord de l’Angleterre, à Cardiff, à Pays de Galles, comme à Glasgow et Édimbourg, en Écosse.

Des pancartes « Bienvenue aux réfugiés »

À Londres, l’association Stand up against racism, ce qu’il faut traduire par « Dire non au racisme », a donné rendez-vous devant le siège national de Reform UK. Reform UK, c’est l’héritier du Brexit party, une toute petite formation d’extrême droite anti-immigration, populiste, qui vient de faire son entrée au Parlement, menée par le fameux Nigel Farage.

Pour les manifestants présents dans le cortège londonien, le politicien a une responsabilité directe dans les émeutes, puisqu’il a passé sa carrière à promouvoir des thèses xénophobes et nationalistes.  « Bien que Farage n’utilise pas le même langage que les voyous, il choisit ses mots intelligemment pour quand même inciter à la haine et aux divisions. Il sait éviter les poursuites, mais il normalise ces incitations. Les manifestants espèrent la fin de la vague de violence des derniers jours. Mais craignent une reprise des tensions à la rentrée politique », accuse Khalid.

« Rien que de regarder les informations, ça m’a fait très peur »

Juste en face du gratte-ciel, les centaines de personnes brandissent des pancartes « Bienvenue aux réfugiés » et « Non au fascisme et au nazisme ». Tout le monde a été choqué, horrifié des violences les deux dernières semaines, qui ont vu les caillassages de voiture, des attaques sur des mosquées, des revendications suprématistes. « Rien que de regarder les informations, ça m’a fait très peur. Voir que des gens se font agresser, sans aucune raison. Ça pourrait être moi. En tant qu’homme noir, je me souviens des années 70, à quel point c’était horrible de voir des gens assassinés juste en raison de leur couleur de peau », affirme Peter.

J’ai été choquée par les émeutes contre l’immigration. Je suis pro-immigration. Moi-même, j’ai vécu dans plusieurs pays, j’ai été une migrante, et on m’a toujours traitée avec bienveillance. Je veux montrer que les Britanniques soutiennent les migrants, soutiennent les réfugiés, en particulier ceux qui fuient des pays que le Royaume-Uni a contribué à déstabiliser. Je veux leur dire, bienvenue. Les émeutes ne me menacent pas directement, en tant que personne blanche… Mais je m’inquiète pour mes amis, et mes compatriotes. Nous sommes un pays formidable. On nous appelle la Grande-Bretagne, alors, agissons en conséquence.

8 Britanniques sur 10 condamnent les émeutes. Pour Jeandré, qui distribue des pancartes, les émeutiers se trompent de coupable. « Rishi Sunak et le parti conservateur, et maintenant, le gouvernement travailliste disent qu’il y a un problème avec le nombre d’immigrants. Mais nous, nous disons que c’est eux qui n’investissent pas assez dans le logement, l’hôpital public, l’éducation. Voici la source de la colère », dit-il. Tout le monde est aussi rassuré de voir les immenses contre-manifestations de cette semaine.

La présence de tous ces manifestants, c’est une manière de renforcer l’unité du pays contre ce qu’ils considèrent comme une minorité très bruyante, pour éviter aussi que les émeutes ne dégénèrent encore davantage. En fin d’après-midi, il n’y avait aucune tension à Londres, pas de présence de l’extrême droite. Les forces de l’ordre, cependant, restent très présentes et très visibles, ce week-end, à travers tout le pays.

Une accalmie après une réponse judiciaire très ferme

Les violences racistes qui ont visé des mosquées ou centres d’hébergements pour migrants, ont éclaté à la suite de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes le 29 juillet à Southport, au nord-ouest de l’Angleterre, sur fond de rumeurs en ligne sur le suspect.

Les autorités mettent l’accalmie depuis cinq jours sur le compte de la réponse judiciaire très ferme, avec plus de 700 arrestations, 300 inculpations et des premières condamnations à de la prison ferme pour des casseurs ou des publications en ligne attisant la violence.

Silencieux jusqu’alors, le roi Charles III a remercié vendredi soir la police pour son action pour mettre fin « à la délinquance d’un petit nombre », et salué « l’esprit de solidarité » et « la compassion » de ceux qui s’y sont opposés.

M. B.