Evan Gershkovich comparaissait ce mardi 18 avril devant un tribunal de Moscou. Le juge a ordonné son maintien en détention jusqu’au procès. C’était la première apparition publique du journaliste américain dans cette affaire très suivie aux États-Unis.
« Sois fort Evan », lui dit en russe un confrère. Debout dans sa cage de verre, vêtu d’une chemise à carreaux bleue, Evan Gershkovich acquiesce du regard. Ces premières images semblent confirmer qu’il est en bonne santé malgré son incarcération dans une prison réputée pour ses conditions de détention difficiles. Il paraît aussi combatif que ses soutiens.
Depuis quelques jours, le journaliste bénéficie du statut « détenu à tort » attribué par l’administration Biden. Cela signifie que son cas bénéficie d’un suivi spécifique, traduit notre correspondant à Washington. Le tout se passe habituellement dans une certaine discrétion qui cette fois n’est pas de mise. La Maison Blanche et le département d’État dénoncent son arrestation comme une tentative d’intimidation de la presse en Russie.
Badge de soutien
Surtout, les soutiens d’Evan Gershkovich n’ont pas du tout l’intention de se taire. Ils sont nombreux à s’exprimer sur les réseaux sociaux. Le Wall Street Journal propose un suivi quotidien de l’affaire et a publié le témoignage de ses parents et la lettre de deux pages que le journaliste a pu faire passer par ses avocats. Enfin, tous les participants au prochain dîner des correspondants de la Maison Blanche à la fin avril sont invités à porter un badge de soutien. Parmi les invités, un certain Joe Biden.
L’ambassadrice américaine à Moscou Lynne Tracy, présente au tribunal mardi, avait pu lui rendre visite la veille pour la première fois depuis le début de son emprisonnement. « Il est en bonne santé et a bon moral malgré les circonstances », avait déclaré Mme Tracy sur Twitter après la rencontre.
Monnaie d’échange
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a de nouveau exigé lundi la « libération immédiate » du reporter, connu pour sa rigueur et son amour de la Russie. « Je ne perds pas espoir », avait écrit Evan Gershkovich dans une lettre adressée à ses parents, de sa prison, et publiée la semaine dernière par son employeur.
Depuis le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine l’an dernier, les autorités russes ont accentué la répression en Russie contre les opposants, mais aussi les médias. Si les opposants politiques sont ciblés depuis plusieurs années, l’arrestation du journaliste américain a suscité une onde de choc, aucun journaliste occidental n’ayant été arrêté et accusé d’espionnage en Russie depuis des décennies.
Nombre d’observateurs estiment qu’il pourrait servir à Moscou dans le cadre d’un éventuel futur échange de prisonniers avec Washington. En décembre 2022, la star américaine du basket Brittney Griner, qui se trouvait en détention en Russie, a été échangée contre le marchand d’armes russe Viktor Bout, détenu aux États-Unis. La date du début du procès de M. Gershkovich n’a pas encore été annoncée.
M. B.