Le groupe pharmaceutique français Sanofi est entré en négociation exclusive avec un fonds américain pour la cession de sa filiale Opella qui emploie près de 11 000 personnes dans 150 pays. Le gouvernement français « prend acte » tout en rappelant « des points de vigilance aux deux parties ».
Opella, c’est le Doliprane, la Lysopaïne et d’autres marques de médicaments grand public. Le fonds américain CD&R en propose 15 milliards d’euros, selon le journal Les Échos.
Dans un bref communiqué, le groupe pharmaceutique français déclare « avoir entamé des négociations avec CD&R pour la cession potentielle d’une participation de contrôle de 50% dans Opella », confirmant des informations parues dans la presse jeudi soir. Il ne fournit aucun détail sur cette opération de grande envergure, mais indique qu’il communiquera « en temps voulu, lorsqu’une décision aura été prise » concernant sa filiale qui chapeaute une centaine de marques.
Les États-Unis, premier marché d’Opella
Opella a beau avoir des racines françaises et le Doliprane être sa deuxième marque en termes de revenus, la France ne représente que 8% des ventes du groupe, les États-Unis étant son premier marché avec près de 25% de son chiffre d’affaires.
Les ministres français de l’Économie et de l’Industrie préviennent ce vendredi matin qu’un « certain nombre d’engagements économiques seront exigés » sur l’approvisionnement en médicaments et sur l’emploi. Mais pour Frédéric Bizard, économiste de la santé, il sera difficile d’éviter les délocalisations. « Vous êtes sur une logique d’ultra-financiarisation, que vous n’avez plus des industriels en face de vous, vous avez des fonds d’investissement qui sont un peu partout dans le monde et qui sont très difficiles à personnaliser », explique-t-il.
Deux sites de production en France
Opella a toujours deux sites de production en France. Sanofi conservera la moitié du capital encore quelques années, mais cet ancrage français sera désormais bien fragile pour Frédéric Bizard. « En général, cela se fait en deux temps. Un premier temps où on vous promet des garanties à trois, à cinq ans de conserver les emplois, de conserver la production en France. Mais comme de toute façon cela n’est pas assez rentable de produire en France des produits à bas prix, vous avez dans le deuxième tour de table une cession à d’autres fonds qui assurent cette délocalisation et l’État français ne peut plus rien dire, parce qu’il est minoritaire », détaille l’économiste.
Ce projet de séparation avait été annoncé il y a presque un an pour permettre à Sanofi d’accélérer dans l’innovation et de se positionner en champion de l’immunologie et à Opella de se concentrer sur sa stratégie de croissance dans son domaine, considéré plus proche d’une logique de consommation que de la pharmacie.
Depuis, cette scission soulève des préoccupations en France concernant l’avenir du Doliprane, fabriqué à Lisieux (Calvados, nord-ouest) et Compiègne (Oise, nord) et sur des risques de délocalisation de sa production. Sanofi répète, depuis des mois, que la scission ne marque pas la mort du Doliprane et que les Français continueront d’en trouver en pharmacie.
M. B.