L’Arabie saoudite ne normalisera pas ses relations avec Israël sans l’établissement d’un État palestinien, a déclaré, vendredi 20 janvier, le ministre des Affaires étrangères de la puissante monarchie du Golfe, sur fond d’appels du pied de l’État hébreu.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, ont discuté jeudi de la possibilité, en faisant allusion à l’Arabie saoudite, d’« élargir » les accords d’Abraham, lesquels ont officialisé les relations entre Israël et plusieurs pays arabes.
« Une vraie normalisation et une vraie stabilité ne viendront qu’en donnant aux Palestiniens de l’espoir et de la dignité, ce qui nécessite de leur donner un État », a déclaré Fayçal ben Farhane, chef de la diplomatie saoudienne, dans une vidéo publiée sur Twitter vendredi.
Premier exportateur de pétrole brut au monde et plus grande économie arabe, le royaume du Golfe est un très proche partenaire des États-Unis, mais a toujours refusé de normaliser ses liens avec Israël en raison de l’occupation et la colonisation par l’État hébreu des territoires palestiniens.
Israël occupe les territoires palestiniens depuis 1967 et poursuit sa politique de colonisation de peuplement juive, dénoncée par l’ONU, les ONG et la communauté internationale, y compris les plus proches partenaires de l’État hébreu.
Riyad réaffirme aujourd’hui sa ligne historique, une position souvent associée au vieux roi Salman et dont on peut se demander combien de temps elle perdurera lorsque son fils, le prince héritier Mohammed ben Salman, lui aura succédé.
Rappelons que l’Arabie saoudite, il y a deux décennies, avait mis sur la table la proposition d’une normalisation simultanée de tous les pays de la Ligue arabe avec Israël, en contrepartie de l’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale. Une « Initiative arabe de paix » largement écornée par les accords d’Abraham qui n’incluent aucune avancée vers un État palestinien.
Le respect des droits des Palestiniens, condition sine qua non
La Maison Blanche a précisé jeudi que Jake Sullivan avait fait part de l’opposition de Washington à tout ce qui mettrait en cause « la viabilité » d’un futur État palestinien.
Riyad ne s’est pas opposé aux accords d’Abraham signés sous l’égide de Washington fin 2020 par Israël et plusieurs pays arabes, dont certains du Golfe proches de l’Arabie saoudite, comme Bahreïn et les Émirats arabes unis. Mais le royaume a répété, à plusieurs reprises, qu’il faisait du respect des droits des Palestiniens une condition sine qua non pour signer un tel accord avec les Israéliens, même si l’Arabie saoudite et Israël entretiennent une coopération sécuritaire à peine voilée face à un ennemi commun : l’Iran.
Benyamin Netanyahu estime, de son côté, que la normalisation avec l’Arabie saoudite permettrait de faciliter un accord israélo-palestinien, bien que les bonnes relations avec les Émirats arabes unis n’aient pas ouvert la moindre perspectived’une évolution du processus de paix.
Mohammed Bessaïah