Les répercussions de la pandémie du Covid-19 sur l’économie mondiale, le dysfonctionnement des chaines d’approvisionnement de divers produits et la conjoncture géopolitique internationale devraient pousser les pays arabes à affronter les défis auxquels ils font face, dont celui de la sécurité alimentaire « en tant que groupe », suggère un expert agricole.
Les pays arabes, et au moment où le monde célèbre la Journée mondiale de l’alimentation (le 16 octobre de chaque année), doivent orienter toutes leurs capacités et moyens pour mettre en œuvre des plans d’actions stratégiques, reposant sur des mesures susceptibles d’assurer l’efficacité du fonctionnement des systèmes alimentaires pour atteindre « en tant que groupe » la sécurité alimentaire graduellement, a recommandé le consultant en développement agricole, Aissa Manseur, dans un entretien à l’APS.
Une démarche commune dans ce sens « se pose donc de plus en plus et avec acuité », selon l’expert qui relève que le monde arabe aspire atteindre un niveau satisfaisant de sécurité alimentaire et cela suppose prêter attention à plusieurs autres secteurs, outre l’agriculture qui demeure le pilier et la base de la sécurité alimentaire.
« En tant que groupes, les pays arabes doivent œuvrer pour bénéficier pleinement des avantages de la zone de libre-échange arabe à travers des projets agricoles conjoints visant à exporter des denrées alimentaires entre les pays arabes et inciter les capitaux arabes a y investir », recommande l’expert.
Il cite dans ce chapitre les statistiques de l’Union des chambres de commerce arabes, concernant le volume des échanges commerciaux interarabes, considéré parmi « le plus faible » au monde, puisqu’il ne dépasse pas 7%, contre 65% en Europe et 49% entre les pays du continent américain.
Pour ce consultant, il est également nécessaire d’adopter, pour l’ensemble des pays arabes, des politiques commerciales « fluides » pour promouvoir le commerce intra-arabe des produits alimentaires à travers la simplification des procédures d’importation de denrées alimentaires.
Il s’agit notamment de « l’assouplissement des restrictions administratives et douanières et de la facilitation des opérations bancaires », a-t-il soutenu.
M. Manseur revient, dans la foulée, sur le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) concernant « le Covid-19 et ses effets sur la sécurité alimentaire dans la région arabe et Nord-africaine » pour souligner que le document relève que « le niveau de disponibilité alimentaire dans la région est généralement satisfaisant dans la plupart des pays ».
Mais il avertit que « certains pays sont encore vulnérables aux multiples risques liés aux différentes conjonctures », soulignant, dans cette optique, que des précautions doivent être prises « pour les risques futurs, en particulier dans les pays les plus vulnérables notamment les pays en conflit et pays instables ».
Le rapport recommande aux pays arabes de mettre en œuvre des plans d’action stratégiques pour la sécurité alimentaire afin de s’assurer que toutes leurs populations disposent d’une alimentation adéquate et de prendre les mesures nécessaires pour maintenir la sécurité et l’efficacité des systèmes alimentaires et assurer la continuité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
L’Algérie sur la bonne voie pour atteindre la sécurité alimentaire
Pour l’Algérie, le consultant en développement agricole, affirme qu’elle est « sur la bonne voie vers la réalisation de sa sécurité alimentaire », relevant néanmoins, que d’autres efforts sont à consentir avec la contribution et la mobilisation de plusieurs secteurs .
A ce titre, M. Manseur rappelle que « l’Algérie n’a jamais fait face à une crise alimentaire grâce à la disponibilité de la production agricole nationale et le recours à l’importation en cas de nécessité, pour approvisionner régulièrement le marché local ».
D’ailleurs, le rapport de la FAO, élaboré conjointement avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres organisations onusiennes, a classé l’Algérie parmi les pays « à stabilité alimentaire » et dans la catégorie des pays où la proportion de personnes souffrant de malnutrition est inférieure à 2,5% de la population totale, au cours de la période 2018-2020, a-t-il appuyé.
« L’Algérie œuvre à atteindre la sécurité et l’autosuffisance alimentaires et à satisfaire ses besoins en matière de denrées, par le développement de l’agriculture en s’employant à élargir les surfaces agricoles et en récupérant les terres agricoles inexploitées, en plus d’encourager, à travers des avantages fiscaux et des mesures d’incitation, les agriculteurs à approvisionner le stock stratégique de l’Etat en céréales notamment », a-t-il soutenu.
Le consultant en développement agricole relève, par ailleurs, qu’assurer la sécurité alimentaire suppose également à s’intéresser à plusieurs autres aspects tels que la rationalisation alimentaire et la politique des prix.
La diversification alimentaire est primordiale d’où la nécessité de rendre accessibles tous les produits qui constituent une alimentation équilibrée, a-t-il préconisé.