Au Maroc, il était 23h11, vendredi soir, lorsque la terre a tremblé comme elle n’avait jamais tremblé dans l’histoire du pays. Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, encore provisoire, au moins 2 012 personnes sont mortes. Le point sur la situation à Marrakech et dans les montagnes du Haut Atlas.
À Marrakech, le chaos. Non loin de la vieille ville, c’est là qu’il y a eu le plus de dégâts. En longeant les murailles de cette vieille ville, on remarque beaucoup de fissures. Surtout, ce qui est vraiment impressionnant, c’est qu’on a l’impression que tous les habitants de la ville campent dehors par peur d’une réplique.
Il faut dire que le séisme a été extrêmement violent pendant plusieurs minutes. Ce samedi, tous les espaces verts sont occupés. Les gens sont installés là où ils peuvent. Il a fait plus de 35° ce jour à Marrakech, et les gens ont installé des abris, tendu des draps, et ils ne veulent apparemment pas rentrer chez eux. Certains parce que leurs domiciles sont détruits ; d’autres parce qu’ils ont peur des répliques.
La cité de Marrakech est extrêmement embouteillée. Les accès à la ville, à la vieille ville, sont fermés. Les gens s’activent pour essayer de déblayer. On entend beaucoup de klaxons. Les gens essaient de circuler, mais les accès vers la Médina et la place Jemaa el-Fna sont pour le moment interdits.
De fortes craintes dans les zones montagneuses
L’épicentre du séisme a été enregistré dans la province d’Al Haouz, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Marrakech, et les craintes sont très fortes pour la zone montagneuse. Il faut savoir que dans ces zones reculées, les constructions ne sont pas aux normes sismiques. Il y a beaucoup de constructions en terre et le risque de voir des villages entièrement rasés est très grand.
On s’attend à ce que le bilan s’alourdisse dans les heures qui viennent. Pour le moment, c’est l’attente et la crainte qu’il y ait de nouvelles secousses.
Les opérations de sauvetage se poursuivaient samedi soir dans ces villages du Haut Atlas qui surplombent la ville ocre de Marrakech. Le balai incessant des ambulances, des militaires ou encore des hélicoptères et de matériel de travaux publics est discontinu. À Moulay Brahim, le jeune Brahim, la vingtaine, n’a pas attendu les secours pour sauver les siens, prisonniers dans leur propre maison.
« Le mur s’est effondré sur la porte, on était bloqué, on a forcé jusqu’à la faire tomber. En sortant, on a trouvé un nuage de poussière, des gens dans la rue, et l’obscurité », témoigne-t-il.
Les secours sont parvenus sur place au plus vite. Aidés par des militaires, ils déblaient parfois à mains nues les éboulis qui bloquaient les routes. Aussi bien dans les villages de montagne qu’à Marrakech, beaucoup ont décidé de passer une nouvelle nuit en plein air samedi soir. Les rumeurs alimentaient la peur des répliques, qui enflait aussi vite que le bilan des victimes s’alourdissait.
Pour rechercher les survivants, les secours sont assistés par des satellites
Dans la région de Marrakech, les secours s’organisent pour retrouver les survivants, et pour cela, ils peuvent compter sur l’aide des satellites. Le Maroc a activé une charte internationale. Les agences spatiales du monde entier sont invitées à mettre leurs satellites à disposition pour cartographier et photographier au mieux les zones sinistrées.
C’est la 838e fois qu’est activée la charte internationale espace et catastrophes majeures. Ce déclenchement se fait à l’initiative des Nations unies, sur demande de la fédération de la Croix et du Croissant rouge. Mise en place en l’an 2000 à l’initiative des agences spatiales françaises, européennes et canadiennes, cette charte compte aujourd’hui 17 agences membres qui mettent à disposition leurs satellites pour aider au mieux les secours.
L’idée, c’est de fournir des images détaillées des zones devenues difficiles d’accès et de mesurer l’étendue des dégâts en comparant aux photographies prises avant la catastrophe. Utilisé principalement par les secouristes sur place, ce service met à leur disposition 200 satellites mobilisables, ainsi que des opérateurs pour interpréter les données, qu’il s’agisse d’images ou d’informations radar.
C’est la deuxième fois qu’un État fait appel à cette solidarité internationale ce mois-ci. Le 6 septembre dernier. Le Brésil avait alors été confronté à des pluies torrentielles dans le sud du pays et les inondations qui ont suivi avait fait plus d’une trentaine de morts.
M. B.