jeudi 17 octobre 2024
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Soixante ans de l’amitié franco-allemande : fragile esquisse d’un front commun

La France et l’Allemagne célébraient ce dimanche 22 janvier à Paris leur amitié. Soixante ans après la signature du traité de réconciliation entre les deux pays, Emmanuel Macron a reçu Olaf Scholz, en grande pompe. Envolées lyriques sous la coupole de la Sorbonne, marques d’affection entre les deux dirigeants… À l’Élysée, le président français et le chancelier allemand ont ensuite tenu une conférence de presse ensemble, pour faire le tour des sujets.

Réitérer un soutien indéfectible à l’Ukraine, aussi longtemps qu’il le faudra. Les deux dirigeants l’avaient fait ce dimanche matin et l’ont refait en soirée. Une évidence, à leurs yeux.

Mais la question brûlante qui était sur toutes les lèvres, et qui leur a été posée, c’est celle de la livraison des chars lourds, notamment les Leopard 2. Olaf Scholz s’y refuse. Attend-il l’aval américain ?

« L’Allemagne a beaucoup, beaucoup fait, a-t-il répondu. Elle a même modifié sa politique en la matière pour répondre à la guerre en Ukraine. »

Le chancelier allemand ne s’en cache pas, il a peur que la guerre dure extrêmement longtemps : « L’Ukraine doit savoir qu’on ne baissera pas les bras et qu’on travaille ensemble et en se concertant pour l’aider. »

Pour Emmanuel Macron, une livraison de chars Leclerc n’est pas exclue. La question va d’ailleurs être étudiée collectivement dans les jours et dans les semaines qui viennent, a-t-il dit.

Et le chancelier allemand de renchérir : une telle décision ne peut se prendre qu’en concertation avec les alliés, plaide-t-il.

Autre gros dossier, avec ses gros enjeux : l’énergie. En la matière, on est loin d’un accord entre les deux capitales, sur une éventuelle réforme du marché de l’électricité qui pourrait faire baisser les prix dans certains pays (dont la France).

Paris et Berlin vont mettre en commun l’achat de gaz, une direction déjà prise au niveau des Vingt-Sept. Autre annonce : le récent projet de couloir d’hydrogène H2Med, qui doit relier l’Espagne à la France, va être élargi à l’Allemagne.

Enfin, l’épineux dossier de la réponse à l’Inflation Reduction Act (IRA), le soutien apporté par les États-Unis à leurs entreprises, à l’industrie. Accord en demi-teinte trouvé sur la réponse à y apporter. Il faut que cela se fasse au niveau de l’UE, et les deux hommes sont soucieux de préserver l’équilibre de moyens entre les États membres. Ils parleront d’une seule voix.

À défaut d’un accord sur de nouvelles capacités d’emprunt en commun à Vingt-Sept, une idée que repousse Berlin sans surprise, et qui est laissée de côté, le couple franco-allemand s’engage en revanche à parler d’une seule voix sur les questions de budget ; parler d’une seule voix au prochain Conseil européen, en février.

« On partait de loin, avouons-le, sur cette entente franco-allemande, a dit M. Scholz. C’est un signe extrêmement positif, qu’on ait pu se mettre d’accord. »

M. Macron comme Scholz savent qu’à Bruxelles, rien n’avance sans une entente entre Paris et Berlin.

J. G.