vendredi 14 mars 2025
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TotalEnergies dégage le meilleur bénéfice de son histoire, le gouvernement français embarrassé

TotalEnergies a dégagé en 2022 le bénéfice le plus important de son histoire : plus de 20 milliards de dollars nets, selon ses résultats publiés mercredi 8 février. Comme pour ses concurrents ExxonMobil ou Chevron, le géant pétrolier a profité de la flambée des prix de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine. Ces résultats financiers relancent à nouveau le débat sur la taxation des grands groupes, et leur impact carbone, mettant le gouvernement français dans l’embarras.

En 2022, le groupe français a encore battu un record. Celui qui est le cinquième pétrolier au rang mondial est passé de 16 milliards de dollars de bénéfices en 2021 – déjà un record historique – à 20,5 milliards en 2022. Un nouveau sommet après les pertes liées à la crise du Covid-19.

En cause, d’une part, la reprise de la demande à la suite de la crise sanitaire, et surtout la guerre en Ukraine qui a entraîné une flambée des cours du pétrole et du gaz.

Avec les sanctions contre la Russie, Total a opéré un retrait progressif de ses actifs, mais le groupe a maintenu sa présence dans des projets très prometteurs, notamment en Sibérie russe.

La demande mondiale pour les prochaines années devrait continuer à accompagner ses bénéfices, et ce, pour tous les acteurs du secteur : en 2022, quatre des cinq principaux groupes ont battu leurs records respectifs.

Dans le contexte de morosité économique qui s’annonce, cela fait grincer des dents. Le président américain Joe Biden a également dénoncé les résultats d’ExxonMobil et Chevron après leurs annonces.

En France, en pleines manifestations pour les retraites et le pouvoir d’achat, les ONG environnementales et certains politiciens relancent le débat sur la taxation des profits exceptionnels et sur le maintien de ses activités polluantes pour la planète.

Le gouvernement français embarrassé, en pleine grogne sociale

À l’issue du Conseil des ministres mercredi, l’exécutif français était embarrassé. « Je ne fais pas la communication de Total, merci de ne pas tirer ce type de conclusions, je ne crois pas, vraiment », a lancé Olivier Véran. Le porte-parole du gouvernement était obligé de se justifier, alors que la gauche accuse l’exécutif de ne pas taxer suffisamment Total.

Le président français Emmanuel Macron avait pourtant plaidé pour une « contribution » des groupes pétroliers au niveau européen. Mais là, le gouvernement n’a rien à redire. « Au-delà des chiffres qui peuvent choquer, je l’ai dit, des dysfonctionnements de l’économie mondiale qui peuvent choquer, je ne dis pas autre chose, a poursuivi le porte-parole du gouvernement. Il ne faut pas confondre ce qui relève d’un bénéfice réalisé en France d’un bénéfice mondial d’un groupe dont le siège social est en France. 350 millions d’euros de bénéfices déclarés par Total en France, 200 millions d’impôts, et vous avez, par ailleurs, deux milliards d’euros de prélèvements, donc ça ce sont des prélèvements exceptionnels liés à la crise et à ces surprofits. »

Le gouvernement n’avait pas besoin de ces annonces en pleine réforme des retraites. Compliqué de demander aux Français de travailler plus longtemps quand des entreprises françaises engrangent des profits records grâce à l’inflation.

L’exécutif se contente aujourd’hui de soutenir la ristourne à la pompe promise par le PDG de Total.

M. B.